Le public du Festival de Namur a montré beaucoup d'estime pour une série de documentaires montrés à la fin de la manifestation. Le plafond de verre, de Yamina Benguigui, porte un jugement sévère mais juste sur la politique de recrutement en France de cadres issus de l'émigration. Avec les socialistes ou la droite, il n'est question que de « l'égalité des chances ». En réalité, cela se passe tout autrement. Avec une série d'entretiens avec des hommes et des femmes qui remplissent tous les critères de recrutement pour des hauts postes en raison de leurs nombreux diplômes et expériences, Yamina Benguigui démontre le racisme incontestable, dont ils sont victimes du fait de leurs origines africaine et maghrébine. Ceux qui croient naïvement qu'un sous-ministre beur va changer la situation se trompent lourdement. Un portrait hallucinant de ce qui se passe tous les jours sur le fleuve Congo : ces barges pleines de milliers de personnes, d'animaux, de marchandise, de caisses, d'objets indéfinissables, d'énormes troncs d'arbres coupés dans la forêt vierge, tout cela navigue dans tous les sens et tout autour, sur les berges du fleuve, y a la guerre, les souffrances de tout un peuple depuis des décennies. C'est dans le beau et terrible documentaire : Congo River, du cinéaste belge Thierry Michel, qui est un bon connaisseur de ce pays, puisqu'il a fait : Zaïre, le cycle du serpent ; Mobutu, roi du Zaïre et d'autres films encore. Voyage extrême au cœur du continent où la douceur d'une mère portant son enfant, image d'espoir et de paix, est soudain coupée par un fait tragique, un rebondissement cruel, plusieurs chocs simultanés, avant qu'on revienne à des scènes de rituels, de chants et de danses. Pendant ce temps, les barges, où des singes sont saignés avant d'être grillés et mangés, continuent de dériver sur le fleuve. A la surface de l'eau, conséquence de la guerre, flottent des centaines de cadavres. Le Congo, étrange pays, où les habitants ont surtout peur de la mouche tsé-tsé. Comme si la guerre civile avait quelque chose à voir avec la fatalité. Ce qui tourmente plutôt les gens c'est de trouver des poissons dans le fleuve pour nourrir la famille. Autre visage d'Afrique dans : Le Malentendu colonial, filmé par le Camerounais J. M. Téno, (sur les missionnaires allemands qui sont partis au XIXe siècle en Afrique) en Namibie et au Cameroun pour prêcher l'Evangile. Sous la couche de leurs sermons religieux, il y avait en réalité une visée coloniale. Derrière eux, venaient les canons et les massacres d'Africains.