L'Algérie va se doter d'une loi sur le nucléaire afin de compléter le dispositif législatif et réglementaire pour un développement durable. C'est ce qu'a annoncé, hier, le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil lors de la journée d'information sur la valorisation de l'uranium. « Depuis des décennies, l'Algérie est connue comme un pays producteur d'hydrocarbures liquides ou gazeux, et la totalité de son énergie électrique est produite à partir de ces mêmes hydrocarbures. Cette dépendance extrême est naturellement contraignante à long terme, car il s'agit de ressources énergétiques non renouvelables », a indiqué M. Khelil qui a souligné que son ministère se préoccupe de cet état et c'est pour cela qu'« il favorise le développement de ressources énergétiques renouvelables ainsi que la maîtrise de l'énergie ». « A cet effet, plusieurs lois ont été élaborées par mon département, notamment sur la maîtrise de l'énergie, les énergies renouvelables ainsi que le décret sur le coût de diversifications de l'énergie », a rappelé le ministre en ajoutant que « la loi sur le nucléaire viendra prochainement compléter ces dispositifs législatifs et réglementaires dans le cadre d'un développement durable ». Cette annonce d'une loi préfigure la mise en place d'un cadre qui permettra à l'Algérie de produire de l'électricité ou de dessaler l'eau en utilisant l'énergie nucléaire. D'autres utilisations dans le domaine de la santé, de l'industrie ou de l'agriculture seront aussi possibles. Le ministre a repris l'une des principales conclusions du 19 e congrès mondial de l'énergie qui a eu lieu à Sidney en 2004 et qui dit : « On peut atteindre des systèmes énergétiques durables, mais les défis énergétiques sont nombreux et il est urgent de s'y atteler si l'on veut y parvenir pendant ce siècle. » Pour le ministre, « parmi ces défis énergétiques, il faut citer l'uranium et l'énergie nucléaire, option technologique qu'il ne faudrait ni idolâtrer ni diaboliser ». Dans l'allocution d'ouverture, le ministre a rappelé que l'Algérie dispose de ressources raisonnables en uranium et les perspectives d'en découvrir de nouvelles ne sont pas négligeables. Les mêmes types de gisements d'uranium découverts au Canada, et qui sont des exceptions géologiques par leur teneur et leur tonnage, ont été identifiés en Algérie dans les années 1970. Mais ces ressources en uranium ne peuvent être valorisées dans le cadre d'un développement durable que sous forme d'un développement intégré de la filière nucléaire et ses principales applications dans le dessalement de l'eau, l'industrie, l'agriculture, la médecine ou l'électronucléaire, selon le ministre. Selon les statistiques, 16% de la production mondiale d'électricité sont d'origine nucléaire. La journée d'information organisée à l'hôtel El Aurassi a permis une présentation sur l'uranium et l'industrie nucléaire dans le monde, les ressources et potentialités de l'uranium en Algérie, le cadre pour l'exploration et l'exploitation minière, en matinée. Dans l'après-midi, des exposés plus techniques ont été présentés sur l'exploration de l'uranium, le traitement des minerais d'uranium, la métallurgie de l'uranium et la fabrication du combustible, l'uranium et l'électronucléaire, la sûreté nucléaire et la gestion des déchets radioactifs et les perspectives de l'électronucléaire en Algérie. Les exposés ont été présentés par des experts algériens et étrangers. Les réserves mondiales d'uranium mobilisables sont estimées à 2,5 millions de tonnes avec plus de 50 % concentrées en Australie, au Kazakhstan et au Canada. L'industrie de l'uranium a produit 40 219 t en 2004. Le prix de l'uranium sur le marché international a triplé de 2003 à 2005, passant de 28 dollars le kilogramme à 75 dollars. Les projets de centrales nucléaires dans le monde augmentent régulièrement à cause de la crise de l'énergie. La source est inépuisable, et de plus, l'énergie produite est propre et cela permet de répondre aux exigences du protocole de Kyoto sur les émissions de gaz à effet de serre. En Algérie, les réserves contenues dans les gisements découverts dans les années 1970 sont estimées à 30 000 tonnes d'uranium, selon le ministre. Selon les experts, les potentialités seraient dix fois plus importantes vu que le territoire est inexploré. Si l'Algérie veut produire de l'électricité et dessaler de l'eau de mer à partir de l'énergie nucléaire, elle doit démarrer maintenant car, selon les experts, entre le signal du marché et la concrétisation du projet, il peut se passer 10 à 15 ans, vu que le cycle est long, de l'exploration de l'uranium à son utilisation finale.