Dans une lettre parue dans votre édition du lundi 22 septembre, Fodil Mezali, associé dans la société éditrice du Matin, nie tout mobile politique dans la tentative de dissolution de ladite société, décidée par une pseudo assemblée générale, tenue à la sauvette le 10 août 2005, en l'absence des associés majoritaires, délibérément tenus à l'écart, et du directeur-gérant légitime Mohamed Benchicou, emprisonné depuis 16 mois pour ses écrits. En contestant le caractère politique des sanctions frappant Le Matin, l'intervention de cet associé, la deuxième du genre en un mois, procède d'une volonté manifeste d'abuser l'opinion et de justifier l'arbitraire. Ce faisant, son auteur rejoint le camp des liquidateurs du Matin. Pour mieux « dépolitiser » l'affaire du Matin, Fodil Mezali fait étalage dans sa lettre d'une terminologie prétendument commerciale et juridique et avance des arguments techniques supposés être neutres ; insidieusement, il tente de laisser croire au lecteur qu'il représente la majorité des membres de l'entreprise, qu'il agit et parle en qualité de porte-parole de ses membres. En réalité, cet associé minoritaire, qui, depuis des années, n'exerce aucune responsabilité rédactionnelle dans le journal Le Matin, ni charges de gestion dans la société éditrice, ne représente que lui-même. Les déclarations concernant l'avenir de la Sarl Le Matin n'engagent que sa personne. D'un simple point de vue réglementaire, aussi bien cette AG que les décisions arrêtées au cours de celle-ci sont nulles et non avenues car illégales. Les associés majoritaires, qui ont pris connaissance de cette assemblée générale et de ses conclusions par voie de presse se demandent quelle urgence a poussé Fodil Mezali à tenir par effraction une réunion regroupant deux associés, minoritaires de surcroît, sur les sept que compte la Sarl Le Matin, alors que son principal dirigeant est incarcéré, à tenir dans l'ignorance les associés majoritaires aux moyens de procédés illégaux et à conclure à « l'état de À cessation de paiement ». Ils s'interrogent sur les motivations qui l'ont poussé à voler au secours des créanciers de son entreprise comme s'il doutait de leur capacité à défendre eux-mêmes leurs propres intérêts. Quel est donc ce « passif insurmontable » qui consacrerait selon lui l'état de cessation de paiement ? Sur la base de quelle étude ou audit tire-t-il son bilan ? Sous l'effet combiné du redressement fiscal faramineux et assommant voulu par le pouvoir politique, du blocage des comptes bancaires de l'entreprise depuis septembre 2003, du boycott publicitaire et de la brutale suspension du 26 juillet 2004, Le Matin a certes cumulé une dette de 128 millions de dinars (et non pas de 20 milliards de centimes comme l'affirme Mezali), mais ce montant est à la portée de l'entreprise pour peu que le pouvoir politique cesse son harcèlement et laisse travailler un journal qui compte 100 000 fidèles lecteurs par jour. Pourquoi donc amplifier la dette du Matin et se hâter d'anticiper les futurs créanciers, quitte à les inventer ? Que resterait-il de la presse algérienne si des journaux endettés de 128 millions de dinars devaient être tous liquidés ? Les associés majoritaires ont opposé à temps et dès le 17 août toutes les réserves légales auprès de la justice et du mandataire qui se dit désigné par elle, aux fins d'annuler la pseudo AG du 10 août et de surseoir à la dissolution du journal que rien ne justifie, pas même les chiffres faux et exagérés de Fodil Mezali. Le Matin, réprimé pour avoir choisi d'être le porte-voix de l'Algérie démocratique, de l'Algérie citoyenne et républicaine, doit aux Algériens de reparaître. Dans sa jeune existence, il a été poussé à l'asphyxie financière par cinq suspensions arbitraires. Il a toujours trouvé les ressources pour rester en vie. Il n'y a aucune raison pour qu'il ne les trouve pas de nouveau aujourd'hui. Pour l'heure, nos priorités et nos efforts sont orientés vers la libération de Mohamed Benchicou, injustement emprisonné et qui paye le prix des choix éditoriaux du Matin. La relance du Matin interviendra en son temps. Se précipiter aujourd'hui avec un zèle douteux à prononcer la dissolution de la Sarl Le Matin c'est se faire complice du meurtre programmé d'un journal républicain à l'heure où la République a besoin de ses atouts.Que les lecteurs du Matin se rassurent, nous ne laisserons pas faire. Les associés majoritaires. Fatiha Benchicou, pour Mohamed Benchicou, Ghania Hammadou, Malika Touazi