Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) rejette l'offre de paix du Président Bouteflika et entend poursuivre le « djihad » jusqu 'à l'instauration d'un Etat théocratique en Algérie. Dans un communiqué publié sur son site Internet et repris par les agences internationales de presse, la veille du référendum sur la charte pour la paix et la réconciliation, l'organisation terroriste a qualifié la démarche de sortie de crise du chef de l'Etat d'« inutile ». « Cette élection est une perte de temps et un gaspillage de l'argent du peuple. L'Algérie n'a pas besoin d'une charte pour la paix et la réconciliation mais d'une charte pour l'Islam », indique le GSPC dans ce texte daté de mardi dernier. « Le djihad va continuer. Nous avons promis à Dieu de poursuivre le djihad et le combat », affirme le GSPC. L'authenticité du communiqué du groupe terroriste n'a toutefois pu être authentifiée. C'est la première fois que le GSPC fait connaître, par écrit, son « opinion » sur le projet d'amnistie partielle soumis à un référendum le week-end dernier. Néanmoins, la position exprimée par le groupe terroriste dirigé par Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossab Abdelouadoud, ne surprend pas. Depuis l'annonce par le chef de l'Etat de son projet de réconciliation nationale, le GSPC a multiplié les opérations meurtrières au centre et à l'est du pays. Pour les observateurs, cette recrudescence était déjà synonyme du refus des chefs de l'organisation terroriste, née sur les cendres du groupe islamique armé (GIA) et encouragée par Oussama Ben Laden, de s'inscrire dans le « processus de paix » et la démarche de réconciliation nationale initiée par Abdelaziz Bouteflika. Les liens constants entretenus entre les chefs du GSPC et les cerveaux d'El Qaîda a d'ailleurs amené le groupe salafiste à prêter allégeance à l'internationale intégriste. L'existence de vases communiquant entre El Qaîda et le GSPC s'est vérifiée avec l'épisode douloureux de l'assassinat par le groupe de Zarqaoui, le représentant d'El Qaîda en Irak, des deux diplomates algériens, Mohamed Belaroussi et Azzedine Belkadi. Les liens entre le GSPC et El Qaîda ont convaincu le département d'Etat américain de porter le groupe terroriste algérien sur sa liste rouge, cela d'autant qu'il a étendu ses activités aux pays voisins et au Sahel. Traqué et poussé par les services de sécurité jusqu'à ses derniers retranchements, le GSPC garde néanmoins une capacité de nuisance, surtout au centre du pays (Boumerdès et la Kabylie). Sur le « millier » de terroristes encore en activité (l'estimation est du gouvernement), plus de la moitié d'entre eux seraient affiliés au groupe salafiste. Dans son communiqué, le GSPC estime, en outre, que le fait que le Président Bouteflika ait « demandé au peuple de se prononcer deux fois sur un même projet (l'allusion est faite à la loi sur la concorde civile), constitue un aveu de son incapacité à affronter le djihad et à venir à bout des moudjahidine ». Si le terrorisme ne s'est pas éteint avec la promulgation de la loi sur la concorde, le constat avancé par le chef du GSPC concernant les résultats de la concorde civile a besoin d'être nuancé. Ainsi, bien que la gestion des redditions des éléments des groupes armés a été entourée d'une certaine opacité, il est avéré que plusieurs milliers de terroristes ont déposé les armes, parmi eux figuraient aussi des membres du GSPC. Le « refus médiatisé » du chef du GSPC de l'offre de paix du chef de l'Etat pourrait cacher, ainsi, la crainte de l'allié algérien d'El Qaîda de voir ses « rangs » se dégarnir comme en 1999. Rien n'interdit, par ailleurs, de percevoir ce communiqué comme une menace destinée à dissuader les éléments qui auraient eu l'idée de quitter le maquis. Ces hypothèses sont d'autant probables que le GSPC vient de subir un sérieux revers en France et en Italie. Les polices de ces pays ont, rappelle-t-on, démantelé, lundi dernier, des cellules terroristes affiliées à ce groupe. A signaler, à ce propos, que quatre des neuf suspects arrêtés lors d'un coup de filet dans la région parisienne ont été inculpés vendredi pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Les quatre hommes, Safé Bourrada, Djamel Badaoui, Achour Ouarab et son cousin Kaci Ouarab, sont également poursuivis pour « financement du terrorisme ».