La capacité de nuisance des groupes armés reste cependant très inquiétante et imprévisible. Le directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, a déclaré mer-credi lors de son voyage à Tlemcen, que «la connexion Gspc-Al Qaîda ne fait pas peur aux autorités algériennes» selon le correspondant du journal électronique el-Moheet. S'exprimant en marge de ses activités à l'ouest du pays, il avait, notamment, souligné que son secteur vise, par la multiplication des infrastructures policières, «une stratégie allant vers le rapprochement du citoyen de sa police par le biais de la police de proximité, outre l'amélioration constante de la prise en charge de la sécurité des personnes et des biens». Concernant les questions liées au terrorisme, et notamment aux derniers développements survenus, avec cette inquiétante collusion entre le Groupe salafiste pour la prédication et le combat et l'organisation Al Qaîda, il a, aussi, affirmé que «même si les membres des groupes liés au Gspc sont encore une source d'inquiétude, il n'en demeure pas moins qu'ils sont incapables d'opérer des attaques de grande envergure», et qu'«ils ne font plus peur, parce que s'ils possédaient des moyens aussi importants que ceux d'Al Qaîda, ils les auraient certainement utilisés». Cette évaluation du risque Gspc intervient au lendemain de l'allégeance faite par le groupe algérien à l'organisation transnationale Al Qaîda et aux déclarations faites par Ayman al-Zawahiri faisant du Gspc le bras armé de son organisation dans la région méditerranéenne. Il est certain que depuis la mort de Nabil Sahraoui et de ses principaux lieutenants en juin 2004, dans une embuscade militaire tendue sur les fiefs montagneux d'El Kseur, au sud de Béjaïa, le Gspc a perdu beaucoup de ses moyens, et hormis quelques actions spectaculaires, comme l'attentat contre la centrale électrique, et qui avait paralysé la capitale pendant plusieurs heures, le nouvel émir, Abdelmalek Droukdel, dit Abou Mossaâb Abdelouadoud, a vu son champ d'action rétrécir comme une peau de chagrin. Cependant, certaines sources sécuritaires affirment que le Gspc a introduit de nouvelles techniques dans l'action terroriste, notamment en matière d'utilisation d'explosifs à distance (Droukdel était étudiant en électronique à l'université de Soumaâ jusqu'en 1996, date de son enrôlement dans les rangs du Gspc, où il devient rapidement le responsable de la Commission armement et équipement. Le Groupe salafiste pour la prédication et le combat, dont le ralliement à Al Qaîda a été annoncé par Abdelmalek Droukdel, dit Abou Mossaâb Abdelouadoud, le 11 septembre dernier, le chef du Gspc affirmait dans son dernier communiqué: «Nous prêtons allégeance à cheikh Oussama Ben Laden (...). Nous poursuivrons notre djihad en Algérie. Nos soldats sont à ses ordres pour qu'il frappe par notre entremise qui il voudra et partout où il voudra.» Dans son dernier message vidéo, et répondant en écho à Abdelmalek Droukdel, al-Zawahiri a annoncé le ralliement du Gspc à son organisation et menacé les Etats-Unis et la France, considérés comme les deux premières cibles. Le ralliement du Gspc à Al Qaîda s'est fait sur plusieurs mois, voire sur plusieurs années, l'organisation de Ben Laden faisant passer celle de Abou Mossaâb par une sorte de période probatoire au bout de laquelle il a consenti à accepter ce nouvel équipier, en fait, bien utile dans une région où Al Qaîda n'a jamais réussi à s'implanter sérieusement. Dans un premier enregistrement, datant d'un peu plus d'une année et dont on a pu écouter quelques extraits, Oussama Ben Laden faisait l'éloge du djihad lancé contre les Etats-Unis et les «forces du mal» et encensait certains groupes djihadistes, dont le Gspc, qu'il citait sous la formule de «nos frères en Algérie». Par la suite, Ayman Zawahiri faisait aussi les louanges des frères djihadistes d'Algérie et un éloge appuyé du Gspc. Enfin, Abou Mossaâb Zarkaoui, lui, citait nommément, dans un enregistrement datant de peu avant sa mort, «le frère Abou Mossaâb Abdelouadoud» et renseignait, de ce fait, sur les liens qui soudent toutes les organisations djihadistes actuels et la stratégie qui les unit. Pour le Gspc, il s'agissait désormais de mener «une guerre sans fin», car le djihad qu'il a choisi fera encore des dégâts sur le long terme, sans qu'il soit possible, pour autant, de négocier politiquement avec des meneurs qui ont choisi un terrain résolument et absolument hiératique. Le Gspc, qui a rejeté l'offre de paix proposée par le président Bouteflika, semble, désormais à l'écoute d'Al Qaîda, pour prendre des décisions qui s'imbriquent désormais dans une «guerre sacrée» transnationale, et non plus de type local.