Les futurs imams et précepteurs de la morale islamique ont montré hier une image autre que celle de l'art de la retenue et de la vertu religieuse. Des dizaines, voire des centaines d'étudiants de l'université islamique Emir Abdelkader de Constantine, se sont donnés en spectacle, digne des bastonnades les plus furieuses habituelles des gangs de délinquants, transformant l'enceinte universitaire en un ring désolant. A l'origine, une rentrée qui tarde encore à se faire après une grève de longs mois et une reprise conclue avec l'administration mais ajournée à chaque fois pour des considérations techniques. Pour rappel, les 2700 étudiants de l'université ont entamé une grève illimitée en mai dernier pour protester contre la suppression de l'enseignement de la charia au palier secondaire. Les organisateurs de l'UGEL, de l'UNEA et de la LNEA ont dû surseoir à leur mouvement et accepter le fait accompli à l'occasion de la rentrée, tout en conditionnant le retour aux amphis par la réintégration de leurs collègues exclus pour troubles à l'ordre au sein du campus. Cette condition acceptée par le rectorat est demeurée l'otage de la procédure et a fini par outrer les organisations qui mènent encore une grève non déclarée. Mais cette situation n'est pas non plus du goût de certains étudiants, notamment le groupe des salafistes qui ont refusé hier de se plier aux instructions des organisateurs et ont forcé le portail, provoquant ainsi le groupe de grévistes pour un échange très violent, avant d'en venir aux mains. Le bilan de l'échauffourée a fait six blessés, dont un grave, alors que seule l'intervention des forces de l'ordre a pu mettre fin à la bagarre. L'assemblée tenue par la suite n'a pu départager les deux camps qui ont campé chacun sur ses positions, alors que les salafistes ont recouru à une fetwa pour interdire la grève.