Le dialogue des civilisations et des religions, concept en vogue depuis les attentats du World Trade Center, ayant engendré un sentiment d'islamophobie en Occident, a été expérimenté, avant-hier à Constantine, à l'occasion du voyage initiatique effectué par une délégation christiano-musulmane de la région Rhône-Alpes. Les Lyonnais se sont lancés dans un exercice de rapprochement entre les deux plus grandes religions du monde en échangeant, à ce titre, leurs concepts avec des religieux de l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader. L'initiative revient à Azzedine Gaci, imam de la mosquée de Villeurbanne, qui, après avoir visionné une cassette sur les trappistes du monastère de Tibhirine, lâchement assassinés par des terroristes, et écouté le témoignage d'un prêtre refusant de quitter l'Algérie durant cette période, n'a pas caché son émotion et son intention de se rendre en Algérie et en avait fait part au cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, qui a été également emballé par cette idée. C'est ainsi qu'une délégation de musulmans et de chrétiens de la région Rhône-Alpes a été constituée et une proposition a été faite, en ce sens, au ministère algérien des Affaires religieuses et des Wakfs. Le voyage a été parrainé par le département de Ghlamallah et le circuit Annaba-Constantine-Tibhirine-Alger a été retenu. S'agissant de la rencontre d'avant-hier, les présents, réunis à l'université islamique Emir Abdelkader, ont évoqué la coexistence pacifique sur le terrain et les vertus du dialogue et de la spiritualité. Le cardinal Barbarin a lancé les débats non sans omettre de rappeler, au début, les propos du pape Benoît XVI sur le dialogue des civilisations et des religions. Des propos tenus, pour rappel, après la polémique engendrée par les propos du successeur de Jean-Paul II sur l'Islam. Abdallah Zekri, président de la Fédération de la mosquée de Paris, chargé de mission auprès du Conseil national du culte musulman (CNCM), a estimé, pour sa part, que les musulmans se sentent humiliés depuis les attentats du 11 septembre 2001 et a rendu responsable l'Etat français de la propagation du fondamentalisme. Il a affirmé que le fait de « ne pas mettre à la disposition des musulmans des lieux de culte appropriés et de les laisser prier dans des caves participe grandement à l'endoctrinement de fanatiques », et a fustigé les imams ignorants, sans qualification, et ceux qui s'autoproclament imams. A ce sujet, le recteur de l'université des sciences islamiques Emir Abdelkader a suggéré la formation universitaire pour les imams de France.