C'est un ouvrage très sophistiqué et très beau. Il serait très difficile aujourd'hui de réaliser de pareilles œuvres. » C'est en ces termes que Marco Petrangeli, président de l'entreprise italienne Integra, a tenu à qualifier le boulevard front de mer de Skikda. Il rajoutera par la suite « mais cet ouvrage vit de graves détériorations et à plusieurs niveaux. Sa réhabilitation me paraît plus que nécessaire ». L'étude réalisée par Integra et l'entreprise nationale Sapta au profit de l'APC de Skikda a estimé l'ensemble des opérations de réhabilitation de l'ouvrage à 530 millions de dinars. L'étude, à elle seule, est revenue à 7 millions de dinars. L'édifice construit, il y a plus de 45 ans, et malgré quelques timides rénovations, souvent réalisées sur le tas et qui se résumaient à des colmatages rapides, souffre de plusieurs altérations. Une situation engendrée en partie par son implantation dans « une zone marine où l'atmosphère est agressive », comme le rapporte l'étude réalisée. Selon les déclarations de M. Petrangeli, la situation du boulevard est jugée « très critique » et d'ajouter : « C'est une belle structure qui repose sur des fondations très faibles. C'est vrai qu'elle ne risque pas de s'écrouler du jour au lendemain, mais le degré de corrosion et d'infiltrations est tel que l'altération de l'ensemble de la structure ne fera que s'aggraver » Il a, par ailleurs, apporté des explications techniques pour démontrer la situation du pont. Selon lui, la détérioration des joints entreposés entre les dalles permet à l'eau de s'infiltrer et de causer de graves dommages « la situation est terrible à ce niveau », commentera t-il. Il évoquera aussi la corrosion de l'armature, la pente vers la mer qui n'existe plus, la détérioration et le cisaillement des poteaux du fait de la corrosion et aussi du passage sous le pont de véhicule hors gabarit. UN POUMON ÉCONOMIQUE Les opérations de confortement et de réhabilitation proposées par Integra, ne devraient pas, selon M. Petrangeli, emmener à la fermeture totale du boulevard « nous savons que c'est un axe stratégique pour la ville, et pour cette raison nous retenons l'éventualité de travailler de façon à garantir en permanence sa fonctionnalité ». Cette opération pourrait également se faire par tranche, une option qui devrait, peut être, permettre sa réalisation. M Laouar, vice-président de la commune de Skikda estime que « l'enveloppe nécessaire estimée à 530 millions de dinars nécessite à notre sens un montage financier. L'APC a déjà contribué pour réaliser l'étude, et nous avons dégagé en plus 50 millions de dinars sur le budget supplémentaire de l'APC. Nous nous attendons cependant à la contribution de la wilaya, qui a déjà accordé 50 millions de dinars, ainsi qu'à celle des instances centrales. C'est là la seule garantie de sauver le boulevard ». Les 50 millions de dinars débloqués par la wilaya de Skikda ont déjà permit de réaliser une bonne partie des opérations de confortement. M Messelka, chef de département à la Sapta qui a eu à mener ces travaux a confirmé que « plusieurs opérations ont déjà été réalisées et achevées ». Et de citer, le renforcement des membranes, le traitement de l'ensemble des fissures par de la résine ainsi que la reprise des cachetages du précontraint. Ces opérations auront certainement à minimiser les risques d'infiltration en attendant que les bonnes volontés se manifestent pour mener à bien l'ensemble de l'opération réhabilitation pour la sauvegarde d'une œuvre d'art qui constitue un poumon économique et un label touristique pour la ville de Skikda.