Si on en croit les statistiques disponibles à ce jour, ce volume dépasse de très loin les rejets de toute la wilaya de Annaba, de Tlemcen, de Ghardaïa et de plusieurs autres encore. Quant au volume rejeté par l'ensemble des quatorze communes côtières de la wilaya, il dépasse les 250 000 m3/j. Un fait qui placerait la wilaya de Skikda en troisième position au niveau national après Alger et Ouargla, bien que les données relatives à l'assainissement au niveau national restent très en deçà des réalités. Ainsi, il s'avère d'après une étude récente du ministère de l'Environnement que la côte skikdie est minée par 29 points de rejets. Cette situation a de tout temps existé bien que l'idée d'implanter une station de traitement et d'épuration des eaux usées (STEP) n'a jamais quitté les canevas des projets locaux qui datent de plusieurs décennies. Cette situation en perdurant a fini par répercuter de graves méfaits aussi bien sur la faune et la flore du milieu marin que sur le volet touristique. A ce jour, on compte 22 plages fermées à la baignade sur les 38 que compte la wilaya. Les causes sont multiples et le facteur environnemental représente quelque 20%. Cela pour l'ensemble de la wilaya. Pour la commune de Skikda les choses sont beaucoup plus graves encore. On y dénombre 9 plages fermées sur les 17 existantes. Selon des données fournies par la direction du tourisme de la wilaya, les 8 rejets d'eaux usées recensés au niveau local causent la fermeture à la baignade de 7 km2 de plage. Cette situation nuit considérablement au devenir touristique de la ville, sans parler du phénomène tout aussi grave du désensablement naturel qui risque d'effacer à jamais des plages entières, à l'exemple des plages Molo et Militaire. Les approches pour y remédier sont multiples, mais d'année en année, on ne faisait que projeter sans aucune concrétisation. La démographie galopante ainsi que l'exode vers les zones côtières que connaît Skikda ces vingt dernières années sont venus aggraver la situation. Il est devenu quasiment urgent de relancer le fameux projet de réalisation d'une STEP afin de mettre fin à tant de pollution. Ce qui est actuellement en cours et qui permettra finalement à Skikda de récupérer ses plages en attendant que les rejets industriels fassent également l'objet d'une étude de réactualisation et d'attention plus particulière. Pour la STEP de Skikda, elle devra être réceptionnée d'ici à 2006. Inscrite en 2002, elle a été initiée dans le cadre de l'opération Réalisation de l'assainissement de la ville de Skikda et zones environnantes. Selon les déclarations du directeur de l'unité de Skikda de l'Office national de l'assainissement (ONA), la STEP qui s'étalera sur une superficie de 12 ha ne devrait pas être implantée à Bantous (commune de Beni Bechir, située à plus de 8 km au sud de la ville de Skikda) comme le prévoyait l'étude initiale, mais à Merdj Eddib. Un changement que le directeur explique : « La délocalisation a été faite pour des considérations purement économiques. En l'implantant à Bantous, on aurait été contraint de rajouter une nouvelle station de relevage pour parfaire le rendement de plus de 15 km de raccordement. » Le projet consiste donc à dépolluer les plages du littoral et aura à récolter et à épurer les eaux usées des communes de Skikda, de Hammadi Krouma et d'El Hadaïek. Il est constitué d'un collecteur d'assainissement de plus de 7 km, dont les travaux ont déjà démarré, de deux stations de relevage d'une capacité globale de 1183 l/s, dotées de 7 pompes ainsi que de plusieurs autres réalisations de regards, d'équipement. Au sujet des travaux du premier collecteur primaire des eaux usées de la ville de Skikda, le directeur de l'unité de l'ONA a expliqué qu'il aura à longer sur une longueur de 7591 ml et longera la corniche de Stora, passera sous le boulevard Front de mer pour parvenir à l'îlot des Chèvres et finir au niveau de la Petite Zone, lieu où sera raccordée la STEP projetée. « Le projet a été attribué à l'entreprise chinoise Ciampc pour une enveloppe de 368 millions de dinars. Les travaux ont démarré le 15 décembre dernier pour aboutir dans un délai de 13 mois. Nous pensons rattraper les quelques retards occasionnés par les dernières intempéries, ainsi que par les grandes infiltrations d'eaux rencontrées au niveau du boulevard Front de mer. » Il ajoutera également que devant l'afflux des estivants ces jours-ci sur les plages de Stora, et afin de ne pas nuire à la corniche, les travaux ont finalement été réorientés sur instruction des autorités locales vers le tronçon allant vers l'îlot des Chèvres.