Construit dans les années trente, ce boulevard reste encore aujourd'hui un ouvrage magnifique et unique dans notre pays. S'il faut prendre le temps de s'arrêter pour apprécier la ville d'Oran et son architecture héritée du colonialisme français, le visiteur est obligé d'emprunter le boulevard du front-de- mer. Véritable carte postale d'Oran, toujours représenté par ces images et ces photos du front de mer surplombant le port avec la mer Méditerranée qui s'offre à vous. Construit dans les années trente, ce boulevard reste encore aujourd'hui un ouvrage magnifique et unique dans notre pays. Mais l'usure du temps et surtout les infiltrations d'eau ont commencé à fragiliser l'édifice. Pour le conforter, les pouvoirs publics vont débourser 600 millions de DA et entamer sous peu des travaux qui devraient lui apporter une seconde jeunesse. Car, sans le front de mer, Oran ne serait pas Oran, l'ouvrage est le patrimoine de la ville et de ses habitants qui s'y retrouvent. Il est vrai que c'est un plaisir d'y déambuler, de jour comme de nuit, chose que les Oranais savent encore apprécier comme il se doit. En période estivale, c'est assurément l'endroit le plus attractif de la ville : la fraîcheur de la brise marine qui balaie le boulevard, les bancs en bronze installés entre les immenses palmiers aux couleurs méditerranéennes sont là pour procurer détente et découvrir les simples plaisirs de déambuler en famille ou en amoureux. Des photographes chassent les touristes et les estivants pour leur proposer une photo souvenir, une prise de vue unique avec comme toile de fond la chapelle et la vierge de Santa Cruz. Les nuits d'été, par décision de la wilaya, le front de mer est interdit à la circulation routière, laissant ainsi la place aux familles très nombreuses qui, dès le soir tombé, viennent flâner tout au long du boulevard jusque très tard dans la nuit. Des femmes et des jeunes filles, seules où accompagnés d'enfants, viennent ainsi en toute quiétude se promener, abandonnant la chaleur moite des appartements. Les crémeries installées sur ce boulevard ne désemplissent pas, les clients faisant presque la queue parfois pour s'y attabler un instant, le temps de la dégustation d'une glace surmontée de chantilly. Les jeunes hommes en quête de conquête choisissent des emplacements stratégiques, assis sur la rambarde du front de mer, pour mieux observer. Parfois, leur manège n'est pas apprécié par quelques frères ou maris… L'installation cette année d'un poste de la Sûreté de wilaya dans les anciens locaux du consulat de France a apporté ce plus sécuritaire pour rassurer les promeneurs et, surtout, les femmes et les familles, souvent ciblées par les agressions et les voleurs à la tire. C'est là, à Oran, l'endroit et le moment où l'on peut se laisser glisser à vivre en douceur, nonchalamment, comme les bons Méditerranéens que nous sommes en fin de compte. F. BOUMEDIENE