Selon les résultats officiels, 14 282 274 Algériens dans 48 wilayas ont participé au référendum du 29 septembre dernier, soit un taux de participation de 82,04%. Ce taux est-il vraisemblable ? Il n'y a presque que les médias publics qui ont insisté sur l'afflux impressionnant des électeurs dans les centres de vote sans jamais en fournir de preuve irréfutable. Peu d'observateurs ont vu ces centres continuellement pris d'assaut, de 8 h à 19 h. Quelques petits calculs. Divisons le nombre des présumés votants, 14 282 274 par le nombre de bureaux de vote (quelque 40 424) cela donne, pour chaque bureau, dans les villes comme dans les campagnes, en Kabylie ou ailleurs, 353 votants, soit 32 votants par heure, soit une moyenne d'un votant toutes les deux minutes, en un flux continu entre 8 h et 19 h. Dans les wilayas comme Khenchela, où 98% des inscrits auraient voté, chaque bureau de vote devait pouvoir accueillir bien plus d'un électeur toutes les deux minutes, pendant 11 heures d'affilée, sans la moindre pause. Le ministre de l'Intérieur affirme que, pour des raisons sociologiques, les femmes au foyer votent plutôt l'après-midi. Supposons que les femmes constituent la moitié des votants, soit 7 141 137 et supposons que les femmes au foyer constituent 75% de ces 7 141 137 présumées votantes, 5 355 852 électrices auraient, selon ce calcul, voté entre 14 h et 19 h. Autrement dit, chacun des 40 424 bureaux de vote, pendant 5 heures d'affilée, aurait accueilli un flux ininterrompu de 132 votantes, soit 26/h/, soit 0,44 par mn, soit plus de 2 votantes toutes les 5 minutes. Sans compter les hommes bien sûr ! Supposons maintenant que la moitié des votants soient des hommes et que la moitié de cette moitié, soit 3 570 568, aient « accompli leur devoir », comme les femmes au foyer, entre 14h et 19 h Chacun des 40 424 bureaux de vote est ainsi censé avoir accueilli 88 électeurs hommes, soit 18/h, pendant 5 heures continues. Quand on sait qu'il est censé avoir accueilli également, dans le même après-midi, 26 femmes au foyer par heure, cela donne un total de 44 électeurs et électrices par heure, soit 1,5 votant toutes les deux minutes, soit 3 toutes les 4 minutes, et ce, pendant 5 heures, sans le moindre arrêt. Supposons que l'autre moitié des hommes (3 570 568) et les 25% des femmes (les travailleuses), soit un nombre total 5 355 852 électeurs et électrices, aient voté entre 8 h et 14 h. Chaque bureau de vote a alors accueilli 132 votants et votantes, soit 22/h, soit 0,36 par mn, soit 1 votant toutes les 3 minutes, et ce, pendant 6 heures sans interruption. Le gouvernement affirme que le taux de participation national se situait autour de 44% à 15 h. 7 660 341 électeurs sur 17 409 867 inscrits en Algérie auraient déjà voté avant 15h. Les 6 621 933 restants sont supposés avoir voté, eux, entre 15 h et 19 h. Chaque bureau, théoriquement, est supposé avoir accueilli 163 votants, soit 41/h, soit 0,7/mn, soit 2 toutes les 3 minutes, et ce, de façon continue, durant les quatre dernières heures du vote. Alors, ces 82,04% reflètent-ils les désirs du gouvernement ou la réalité ? Il aurait fallu, pour que ce taux soit atteint, qu'aucun des 40 424 bureaux de vote ne désemplisse pendant les onze heures qu'a duré le suffrage, de l'ouverture jusqu'au début du dépouillement. Il aurait fallu que les centres de vote soient plus massivement fréquentés en Kabylie et qu'il n'y en ait aucun qui soit saccagé. Il aurait fallu qu'il y ait des bousculades énormes devant les isoloirs dans les wilayas où le taux de participation a dépassé de 15 points la moyenne nationale. Il aurait fallu que l'heure de fermeture des bureaux soit repoussée à 20 heures dans toutes ces wilayas prétendument « loyalistes ». Il aurait fallu aussi, pour persuader les Algériens qu'ils ont voté en masse, le 29 septembre dernier, que les images de la télé nationale soient un peu plus convaincantes et qu'elles nous montrent des manifestations de « liesse populaire » dans des centres de vote encombrés et non dans des rues désertes, quelques heures après la clôture du scrutin.