Pour le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, “le oui massif est une preuve que notre peuple a besoin d'une solution efficace et définitive de la crise nationale.” “Le fort taux de participation au référendum de jeudi dernier exprime la confiance placée par les citoyens en la personne du président de la République, en premier lieu, et en les institutions nationales et l'Etat algérien, en deuxième lieu.” C'est ce qu'a affirmé Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales lors d'une conférence de presse animée, hier, à l'hôtel El-Aurassi. Rendant publics les résultats du référendum sur “la charte pour la paix et la réconciliation”, M. Zerhouni a annoncé que le scrutin a enregistré un taux de participation “record” de 79,76%. Le oui a recueilli 97,36 des suffrages exprimés. “Ce fort taux de participation veut dire que les citoyens ont vu dans le référendum un rendez-vous décisif. Il renseigne aussi sur l'ancrage de la démocratie dans notre pays”, a-t-il soutenu. “Le oui massif est une preuve que notre peuple a besoin d'une solution efficace et définitive de la crise nationale. Un plébiscite aussi en la démarche de sortie de crise prônée par le président de la République”, a-t-il ajouté. Du scrutin du jeudi, Yazid Zerhouni en a tiré plusieurs observations. Ce sont les wilayas qui sont les plus touchées par le terrorisme qui ont enregistré les plus grands taux. S'il a convenu que le taux participation dans les grandes villes comme Alger, Constantine et Oran a été en deçà de la moyenne nationale, il n'a pas moins qualifié celui enregistré dans la capitale d'“exceptionnel”. “C'est le taux le plus important, comparé à tous les rendez-vous électoraux depuis 1962”, s'est-il félicité. Pour ce qui est de la faiblesse du taux de participation à Tizi Ouzou (11,35%) et à Béjaïa (11,55%), Yazid Zerhouni l'a expliquée par “les conditions particulières vécues par la région”. Mais les dernières déclarations de Bouteflika, à partir de Constantine, sur la non-officialisation de tamazight n'y est-elle pas pour quelque chose ? À Zerhouni de rétorquer : “Je ne le pense pas car les gens connaissent depuis longtemps la position officielle sur cette question. Je me demande même si la majorité de la population de Tizi Ouzou et de Béjaïa considère cette question comme essentielle.” S'essayant à une explication sociologique, Zerhouni décrète : “Historiquement, comme les grandes villes, la Kabylie ne vote pas beaucoup. Une donnée sociologique dont l'explication est du ressort des psychologues (?).” Et de poursuivre: “La région est traversée par des évènements qui ont eu leurs effets. Certainement aussi que la dissolution des assemblées locales n'a pas agréé beaucoup de gens. Ceux-ci se sont en quelque sorte vengés.” Manière à Yazid Zerhouni de faire porter le chapeau de la défection électorale en Kabylie à Ahmed Ouyahia ? Tout porte à le croire. Ayant plus d'un tour dans son chapeau, Zerhouni a brandi une autre explication : un certain climat de peur a dissuadé la population de Kabylie à se rendre aux urnes. Et de citer 17 communes, soit 135 bureaux de vote (62 000 électeurs), qui ont connu des actes de violence. “Ce nombre est très marginal, mais le fait est que ces actes de violence ont empêché les citoyens d'aller voter”, glose-t-il. Se fondant sur l'accueil “très fort et très chaleureux” réservé par la population de Tizi Ouzou au président de la République, Yazid Zerhouni assure : “Incontestablement, s'il n'y avait pas eu des pressions sur les citoyens et s'il n'y avait pas cette violence, le taux de participation aurait été beaucoup plus fort et se rapprocherait de la moyenne nationale.” Aussi n'a-t-il pas manqué de brandir la menace de poursuites judiciaires, après identification, contre les auteurs de ces violences. Pour ce qui est du dialogue avec les archs, il a indiqué qu'il n'est pas compromis. “Les discussions entre le Chef du gouvernement et les archs sont toujours en cours. Quelques points sont toujours en discussion”, a-t-il soutenu. Tout comme il a exprimé sa conviction que la participation aux élections partielles “ne sera pas faible”. À une question sur une augmentation vertigineuse du taux de participation entre 10 heures et 17 heures, Yazid Zerhouni rétorque : “Je ne vois pourquoi vous vous étonnez. Retenues la matinée par les tâches ménagères, les femmes, qui représentent presque la moitié du corps électoral, ne sortent pas de chez elles. Ce n'est que l'après-midi qu'elles votent.” Les destinataires de l'offre de paix, à savoir les terroristes répondraient-ils à l'appel de Bouteflika ? “Ces gens-là savent où résident leurs intérêts. S'ils gardent encore un minimum de nationalisme et de citoyenneté, ils comprendront que c'est la plus belle opportunité qui s'offrent à eux pour abandonner le maquis.” Pour ce qui est de leur nombre, il l'a estimé entre 800 et 1 000. Mais une centaine seulement est réellement en activité. Pour ce qui du prétendu retour des dirigeants de l'ex-FIS établis à l'étranger, Zerhouni est catégorique : “Nous n'avons enregistré aucun retour.” Et d'indiquer que des dispositions réglementaires seront prises pour mettre en œuvre l'option choisie par le peuple. “Maintenant, c'est au gouvernement de concevoir des lois et des mesures nécessaires pour appliquer ce choix du peuple.” Lois et mesures qui énonceront si la charte sera limitée ou non dans le temps. Pour le moment, aucun budget n'est prévu pour prendre en charge les mesures qui découleront de la charte. “L'Algérie a les moyens pour prendre en charge ce problème”, affirme-t-il simplement. - Nombre d'électeurs inscrits : 18 313 594 - Nombre de votants : 14 282 274 - Taux de participation sans l'immigration : 82,04% - Moyenne nationale : 14 606 798 votants, soit 79,76% - Nombre des suffrages exprimés : 14 435 291 - Nombre de votants par oui : 14 054 164, soit 97,36% - Nombre de votants par non : 381 127, soit 2,64% ARAB CHIH