Une femme est venue à la rédaction d'El Watan témoigner « pour qu'aucun Algérien ne subisse ce que j'ai subi, plus jamais ça », dit-elle. « Je suis une femme, fille de chahid, sœur de chahid et mère de chahid. » C'est avec ces mots qu'elle commence à raconter son long périple. Elle qui n'a connu que les malheurs de la perte des siens. Son fils, Hamoudi Hakim, est tombé sous « des balles perceuses », le 5 octobre 1988 à Belfort, quartier d'El Harrach, dans la banlieue est d'Alger. « Ce qui me fait mal est que ces balles ont été tirées à bout portant par des Algériens comme lui, et son père, son grand-père et ses deux oncles qui ont perdu la vie pour qu'eux et des millions d'autres Algériens puissent vivre heureux et libres comme l'air », dit-elle. Cette femme déclare que son fils avait un avenir prometteur, il était pieux, très généreux, sportif et avait un grand intérêt pour ses études. Il était tout ce qu'une mère, un père désirent en un fils. L'année où Hakim a été tué, il suivait ses études à la faculté de droit de Ben Aknoun. Pour cette femme, le sang des morts du 5 octobre 1988 était le « tapi rouge » pour la démocratie en Algérie. Cette femme est convaincue qu'il y a deux étapes importantes dans l'histoire de l'Algérie, le 1er Novembre 1954 et le 5 octobre 1988. La mère de Hakim nous fait savoir qu'elle a participé aux combats dans les maquis et qu'elle ne regrettera jamais d'avoir fait son devoir envers son pays. Cette mère annonce qu'elle soutient le Président Bouteflika dans sa démarche en voulant rétablir la paix dans le pays et ajoute avant de s'en aller : « Mon fils est mort et ne reviendra pas, c'est la même chose pour mon père et mes deux frères morts pendant la guerre de Libération, mais ce que je veux, c'est que plus jamais des jeunes ainsi que leur mère ne revivent la tragédie du 5 octobre 1988. » 17 ans après, les centaines de familles attendent toujours que l'Etat reconnaisse le titre de « chahid » à leurs enfants tombés sous les balles ou sous la torture.