Depuis trois jours, une marée humaine venue des douars reculés de la commune de Meurad (daïra de Hadjout) n'a pas trouvé pour exprimer son ras-le-bol que de barrer les axes routiers qui mènent vers Menaseur, Sidi Amar et Hadjout, en brûlant des pneus et en déposant les troncs d'arbres et des blocs de pierres. « Monsieur, rebroussez chemin, car les hommes qui se trouvent sur cette colline, là-bas, casseront votre véhicule comme ils l'ont fait à d'autres automobilistes qui se sont approchés d'eux », nous expliquent des jeunes collégiens du douar Ferdjana. Les citoyens des douars implantés au sud de la daïra de Hadjout, à l'instar d'autres des daïras de Cherchell, de Gouraya et Damous, souffrent des problèmes d'eau, d'électricité et de transport, sans omettre les routes défoncées. Les citoyens de Ferdjana avaient fui leurs maisons, en raison de l'insécurité qui y avait régné durant les années 1990. Les deux premiers jours du Ramadhan ont été marqués par des violences perpétrées par des individus, qui se sont permis de détruire tout ce qui se trouvait sur leur passage. Les prix du transport et le problème de l'eau constituent les principales revendications qui sont à l'origine du soulèvement des citoyens de Ferdjana. Le coût d'une citerne à eau de 3000 l s'élève à 1500 DA, certains habitants achètent un fût d'eau à 100 DA. Les hameaux épars rendent les conditions de vie très difficiles. Il existe un déficit dans le transport des écoliers issus des très nombreuses familles démunies. L'intervention musclée des éléments de la Gendarmerie nationale a permis de rétablir la circulation lors du 1er du Ramadhan. Il n'en demeure pas moins que la révolte de ces jeunes, le lendemain, a repris de nouveau et les forces de sécurité sont intervenues et ont procédé à des interpellations et des arrestations des suspects. Ces événements ont empêché les élèves et les travailleurs de rejoindre leur lieu de travail et les établissements scolaires. Les citoyens ont menacé les autorités de la fermeture de la daïra si leurs revendications ne sont pas satisfaites. Des séances de travail ont regroupé les responsables du transport et de l'hydraulique de la daïra de Hadjout, les élus de l'APC de Meurad et les représentants des habitants des différents douars. Les citoyens semblent ignorer les projets en cours de réalisation en matière d'AEP et assainissement dans cette zone rurale qui a tant souffert des actes criminels des hordes terroristes d'une part et d'autre part du mépris des gestionnaires de la wilaya envers ces régions enclavées, bien avant l'arrivée de l'actuelle autorité de la wilaya de Tipaza. Contacté par nos soins, le directeur des transports de la wilaya de Tipaza affirme que l'APC de Meurad a mis à la disposition des citoyens de Ferdjana un minibus destiné au transport scolaire. Le véhicule effectue plusieurs rotations, mais cela demeure insuffisant pour faire face à la forte demande. Les transporteurs privés ont accordé une faveur aux écoliers en appliquant un prix de 15 DA par élève, au lieu de 20 DA pour une distance qui avoisine 12 km. Notre interlocuteur ajoute que les manifestants exigent un prix de 10 DA. Les transporteurs ont refusé. La direction des transports s'est engagée à effectuer des inspections au niveau du tronçon routier emprunté par les transporteurs des voyageurs. Par ailleurs, les émeutiers ont brisé les vitres de deux minibus appartenant à des exploitants qui habitent dans le douar en question. En guise de représailles, les autres chauffeurs solidaires avec leurs collègues agressés refusent à leur tour de transporter les voyageurs vers ces douars. Le calme est revenu, tandis qu'une réunion se déroulait hier en fin d'après-midi en présence des directions des secteurs d'activités concernés par la situation dans cette zone rurale en « effervescence ».