Pour la troisième année consécutive, le dossier des zones industrielles et d'activité à Constantine fut inscrit à l'ordre du jour de la session de l'Assemblée populaire de wilaya pour faire l'objet de débats nourris. Après les recommandations des deux dernières sessions de l'APW, bien des choses ont été dites à propos de la gestion hasardeuse et désastreuse de ces zones détournées par la force des choses de leurs missions. Selon le rapport présenté par la commission de l'économie et de l'investissement de l'APW, cette dégradation serait due essentiellement au manque de ressources financières ainsi qu'aux interférences constatées dans les prérogatives données aux différentes parties qui se sont relayées pour assurer la gestion de ces zones, à savoir l'agence foncière, les APC et la société de gestion des investissements. Alors que la plupart des zones dépourvues d'éclairage et non alimentées en gaz et en eau potable souffrent d'un manque flagrant d'hygiène, de sécurité, d'aménagement et de viabilisation faute d'une étude technique détaillée, le choix même de leur implantation n'obéissait pas à des critères établis suivant des cahiers des charges prédéfinis. En somme, l'anarchie qui a prévalu lors de l'attribution des lots de terrain et l'absence d'une structure chargée du suivi et du contrôle des activités laissera le champ libre aux spéculateurs. Un laisser-aller qui mènera vers des situations incompatibles avec le but dessiné pour ces zones censées accueillir des investissements et des activités créatrices de richesses pour la wilaya. L'exemple de la zone industrielle Palma et la zone d'activité Rhummel, situées non loin des tissus urbains, est des plus illustratifs. Transformés en des régions à vocation purement commerciale, les terrains acquis par des opportunistes spéculateurs n'ayant pas la qualité d'investisseurs abritent des activités parasitaires, des salles de fêtes et même des bistrots. De son côté, la commission de l'économie et de l'investissement de l'APW ne manquera pas de soulever le cas des assiettes attribuées depuis des années et qui demeurent toujours à l'état d'abandon. La zone industrielle Aïssa Ben Hmida de la commune de Didouche Mourad, située à une vingtaine de kilomètres au nord de Constantine et visitée depuis une année par le ministre de l'Industrie qui, en fait déjà le constat aux autorités de la wilaya, en offre une image désolante. Sur 197 parcelles réparties sur plus de 60 ha, 24 seulement sont en activité soit 12,18% de la superficie totale, alors que 38 lots abritent des projets en cours de construction, tandis que 106 parcelles attribuées sont toujours à l'état nu au moment où bon nombre de lots sont exploités comme café - restaurants ou dépôts. Ce constat qui ne diffère pas généralement de celui de la zone industrielle El Tarf dans la commune d'Ibn Badis, ou celui des douze zones d'activité éparpillées sur les territoires des douze communes de la wilaya, n'est pas passé sans susciter la réaction de Boudiaf Abdelmalek, wali de Constantine récemment installé. Dans une première mesure, le premier responsable de l'exécutif ordonna l'installation d'une commission d'enquête appelée à réunir tous les dossiers relatifs à la gestion des zones industrielles et d'activité. L'assainissement de la situation suite aux dépassements enregistrés par certains propriétaires devra aboutir à un recensement des lots de terrain attribués et mener inévitablement à des poursuites judiciaires à l'encontre des bénéficiaires n'ayant pas respecté le cahier des charges ainsi que la récupération des parcelles non encore exploitées ou celles ayant abrité des habitations. Beaucoup reste cependant à faire pour rendre à ces zones leur véritable vocation après des années d'anarchie, surtout que le ministère de l'Industrie vient de débloquer 2,7 milliards de dinars pour la réhabilitation des zones industrielles de 17 wilayas, dont celles de Constantine.