Alger est, selon une étude britannique réalisée tout récemment par un bureau de recherche spécialisé, en l'occurrence The Economist Intelligence Unit, l'une des villes les moins fréquentables dans le monde. Sur les 127 villes soumises aux critères d'analyse, notre capitale a obtenu le peu glorieux score de 66% qui la place au bas de l'échelle aux côtés de Port Moresby (Papouasie), Dacca (Bangladesh), Karachi (Pakistan), Lagos (Nigeria) et Phnom Penh (Cambodge). Selon les promoteurs de cette enquête, qui ont fait évoluer le pourcentage de 0% à 100%, plus le score est bas et plus la ville a les faveurs des pronostics. Ainsi, ce sont des cités comme Vancouver (Canada), passée en tête de ce classement, Melbourne (Australie), Vienne (Autriche), Genève (Suisse), avec des pourcentages de 2 et 3%, qui ont eu les résultats les plus probants et donc qui passent pour être les meilleures régions au monde où il fait bon vivre. Cinq paramètres ont été nécessaires pour effectuer ce travail de recherche, à savoir la stabilité, les soins sanitaires, la culture, l'environnement, l'enseignement et les infrastructures. Ils reposent sur 40 éléments qualitatifs et quantitatifs d'évaluation pour déterminer le degré réel de la qualité de vie. Il se trouve que, toujours selon cette étude, même si la violence a reculé à Alger ces dernières années, les infrastructures et le cadre de vie en général sont encore en deçà des normes souhaitées pour rendre les conditions de vie agréables. L'enquête fait ressortir que les services et les moyens de circulation des biens sont considérés comme dérisoires, tandis qu'il y a absence de structures de divertissement censées réduire les restrictions culturelles. En conclusion, Alger est parmi les plus mauvaises destinations de la planète, tant pour les touristes que pour les investisseurs ou les étrangers désireux s'y établir. Y a-t-il exagération dans cette étude ? Pour ceux qui connaissent la ville de l'intérieur, respirent quotidiennement son ambiance, vibrent avec ses pulsations et affrontent les difficiles conditions de vie qu'elle offre, un tel travail de recherche réalisé sur la base de données scientifiques a le mérite de montrer qu'au- delà de l'image d'Epinal et de la blancheur mystique qui enveloppent notre capitale, il existe un vrai problème de qualité de vie qui semble n'avoir jamais été une préoccupation majeure pour nos gouvernants. Rien que pour le problème d'hygiène, il y a tellement à dire. En effet, avec son insalubrité qui la ronge de partout comme un cancer, Alger a peu de chance de rivaliser avec les villes européennes, sud-américaines ou asiatiques où le premier critère d'accueil est la propreté. En matière d'infrastructures, de transports, de services, l'étude a tapé dans le mille puisque Alger souffre énormément au niveau de ces secteurs frappés d'un retard considérable. D'ailleurs, les Algériens ne sont pas surpris de l'absence de touristes et d'investisseurs potentiels qu'on annonce à chaque fois à grand cri, compte tenu de la précarité des conditions qui sont proposées. En somme, à Alger, on vit très mal. La cité étouffe. La pollution est envahissante. La culture est en perdition. Et le business anarchique fait la loi. Les responsables politiques ont-ils conscience que le développement économique et social est sous-tendu par l'amélioration de la qualité de vie des citoyens ? L'un ne va pas sans l'autre, mais quand les dirigeants s'intéressent plus à la politique politicienne qu'aux vrais problèmes de l'existence, la vitrine de notre chère cité ne peut être que repoussante.