La grève des vétérinaires est suivie à hauteur de 90% au niveau de 40 wilayas. Au deuxième jour de ce mouvement de débrayage, les pouvoirs publics continuent à se confiner dans leur mutisme et à jouer la carte de la justice l Pourtant, cette grève risque de perturber la chaîne de contrôle des viandes et autres aliments de première nécessité. Au deuxième jour du mouvement de débrayage déclenché par le Syndicat national des médecins vétérinaires fonctionnaires de l'administration publique (SNVFAP), un corps très sensible, les pouvoirs publics continuent à se retrancher dans un mutisme inégalé. L'Etat joue carrément et malheureusement la carte de l'indifférence. Pourtant, près de 1136 vétérinaires ont répondu favorablement au mot d'ordre de grève, ce qui démontre le marasme et le désarroi dans lequel se trouvent les fonctionnaires de ce secteur. Des vétérinaires marginalisés et mal rémunérés, malgré les multiples appels de détresse et les différentes actions lancées et menées par le syndicat. Ayant en toute vraisemblance épuisé toutes les voies de recours, le syndicat s'est vu dans l'obligation de recourir à la grève pour mettre devant leurs responsabilités la tutelle et les institutions concernées. Une grève suivie à hauteur de 90% au niveau des 40 wilayas du pays. Cette protestation a engendré depuis son début, samedi passé, l'arrêt de l'activité au niveau de 319 abattoirs de viandes rouges et de 393 autres de viandes blanches. La grève a par ailleurs paralysé toutes les activités de contrôle et de dépistage des animaux au niveau des postes frontières, des ports et des aéroports. La chaîne de contrôle des viandes se trouve sérieusement perturbée par ce mouvement, dont les retombées risquent de se faire sentir incessamment si les responsables en haut lieu ne daignent pas réagir. Outré, le responsable du syndicat dénonce la fuite en avant des pouvoirs publics, leur silence radio et le recours systématique à la justice pour faire barrage à leur mouvement de débrayage. « L'Etat nous a délivré un agrément pour pouvoir activer en toute légalité sur le terrain. Toutefois, en dépit de cette reconnaissance, les pouvoirs publics ignorent carrément notre syndicat et tournent le dos à nos revendications les plus justes », a regretté hier docteur Kaddour, secrétaire général du SNVFAP. Très déçu par l'attitude de la tutelle et des responsables de la Fonction publique, Dr Kaddour estime que les pouvoirs publics doivent impérativement réagir à leur situation. L'heure est grave. Le mouvement de débrayage des vétérinaires coïncide avec la période des examens de fin d'année. Le vétérinaire a pour mission de contrôler tous les produits alimentaires, y compris ceux destinés actuellement aux centres de restauration des différents établissements scolaires. « Nous ne faisons pas grève de gaieté de cœur, surtout en cette période cruciale, mais nous n'avons pas d'autres alternatives pour exprimer notre colère. Certes, nous sommes appelés à être présents dans tous les centres d'examen pour éviter aux élèves le risque d'intoxication, mais on ne nous a pas laissé le choix et les pouvoirs publics sont apparemment inconscients et insoucieux », a relevé notre interlocuteur qui a tenu à préciser que les pouvoirs publics doivent normalement comprendre la sensibilité du corps des médecins vétérinaires qui a une responsabilité personnelle qu'il engage pleinement dans sa vie quotidienne. « La place du vétérinaire n'est pas dans un bureau, mais sur le terrain, où il est confronté à tous types de problèmes », a tonné le responsable du syndicat à l'égard des pouvoirs publics. Celui-ci ne comprend pas en parallèle le comportement de la tutelle qui saisit automatiquement la justice pour arrêter leur mouvement de protestation et démobiliser par là même les initiateurs de cette action de protestation. Effectivement, un huissier de justice s'est déplacé, samedi dans la soirée, au siège du syndicat pour leur signifier l'illégalité de la grève. Etant absents, les responsables du syndicat décident de poursuivre leur mouvement de grève d'autant plus qu'aucune décision ne leur a été notifiée en main propre. « Si la tutelle prend le soin de nous attaquer aussi facilement en justice, pourquoi ne fait-elle pas autant pour nous réunir autour d'une table de négociations pour tenter de résoudre nos problèmes », s'est interrogé le SG du syndicat. Il est à rappeler dans ce contexte que les revendications qui ont poussé à la naissance de ce mouvement de protestation des médecins vétérinaires sont liées à la fermeture par la tutelle des portes du dialogue. L'avant-projet de statut de ce corps de médecine est en situation de blocage tant les aspirations des médecins vétérinaires sont loin de trouver écho auprès de la tutelle. Cette grève a donc été initiée afin de mener au déblocage de l'avant-projet de statut ainsi qu'à « la récupération de la prime vétérinaire assimilée par le ministère des Finances à l'indemnité globale spécifique, l'ouverture d'un dialogue sur le fonctionnement et le devenir des services vétérinaires devant aboutir à l'implication du syndicat dans le projet de définition du régime indemnitaire ».