Jean Marc Provis a passé 19 années de sa carrière professionnelle à travers les hôtels de la chaîne Sheraton en Afrique et au moyen Orient. En mars 2005, il a été désigné comme directeur général du Sheraton Oran Hôtel & Towers. Il a été honoré par la récompense de « President's Award », ultime reconnaissance au sein de la chaîne Starwood Hotels & Resorts Inc. Dans cet entretien, il se confie en exclusivité à El Watan. M. Provis, comment se présente la mise en service du Sheraton ? L'équipe s'est constituée en mars 2005 et nous avons commencé les recrutements du personnel en avril. Nous avons également organisé des journées portes ouvertes durant lesquelles nous avons reçu plus de 3 000 candidatures. Nous avons reçu la première partie du personnel le 15 juin, deux mois et demi seulement avant l'ouverture officielle du Sheraton et le reste du personnel a rejoint l'équipe le 1er juillet. Tout le personnel a fait l'objet d'une formation de deux mois liée au label et standards de Starwood. Cette courte période a été un véritable chalenge pour tout le monde. Nous avons été agréablement surpris par la motivation et l'assiduité du personnel d'une manière générale, ce qui nous a d'ailleurs amené à respecter la date d'ouverture. Pour preuve, les premiers clients que nous avons reçus reconnaissent unanimement la qualité de l'accueil de notre personnel. Le Sheraton Oran est-il conforme aux labels et standards internationaux de la chaîne Starwood ? Il est commun aux standards du Sheraton au niveau international. D'ailleurs, notre mission première durant la période de pré ouverture était d'inculquer à tous les personnels les standards spécifiques qui font la réputation de Sheraton. Le Sheraton Oran répond tout à fait aux normes internationales. J'irais même jusqu'à dire que nous sommes à la pointe de ce qui se fait chez Sheraton au niveau technologique. Le Sheraton Oran dispose, aujourd'hui, de ce qui se fait le mieux dans le domaine de l'informatique et du logiciel. Le Sheraton Oran est un bijou de la chaîne dans le monde. Il est de notoriété qu'il existe environs 400 métiers dans le tourisme, peut-on dire actuellement que le personnel du Sheraton Oran est au top ? Au top, non. Nous avons ouvert depuis un mois et notre personnel a subi une formation de deux mois, il est évident qu'il y a encore beaucoup de choses à parfaire. Nous avons tenu à ce que les 90% de notre personnel soient de la ville d'Oran. L'une des forces de Starwood et du Sheraton est justement de mettre en place des formations continues permettant à notre personnel de s'inscrire dans un plan de gestion de carrière évolutif. Aujourd'hui, il y a encore des choses à améliorer car la majorité de notre personnel n'avait aucune expérience dans le tourisme. Leur motivation fait que nos clients ne le remarquent pas. Tout ce fait avec le sourire. Quel sera son impact économique au niveau d'Oran ? Il est indéniable que le Sheraton créera une dynamique au niveau de la ville d'Oran. Nous prévoyons le recrutement de 650 personnes en plus de nos différents fournisseurs dans tous les domaines. Cela générera, sans aucun doute, un impact économique incontestable à Oran. Actuellement, il est un peu dommage qu'on ne trouve pas tous les produits sur le marché local. Nous importons pas mal, mais je pense qu'il y a d'énormes possibilités pour faire un peu plus localement. C'est un créneau qui peut générer beaucoup d'opportunités. Par ailleurs, nous sommes tous d'accord qu'Oran représente un pôle économique important en Algérie compte tenu de sa situation géographique et sa proximité avec la zone industrielle d'Arzew. Elle se devait d'avoir un hôtel cinq étoiles qui offre toutes les possibilités de services à une clientèle d'affaires. On est conscient que le Sheraton créera une nouvelle dynamique. D'ailleurs plusieurs manifestations sont programmées à partir du mois de novembre. La mise en service du Sheraton coïncide avec l'ouverture du Hayat Regency et l'ouverture prochaine du Royal Hôtel. N'appréhendez-vous pas justement une forme de concurrence ? Lorsque vous êtes seul vous avez tendance à croire que vous êtes le Roi. Je pense que c'est une bonne chose d'avoir d'autres hôtels et la ville d'Oran en a vraiment besoin. Si on prend les cinq étoiles existant actuellement en nombre de chambres, c'est vraiment limité comme offre. D'ailleurs je ne voudrais pas rentrer dans le débat de la classification de la norme « Cinq étoiles » mais sincèrement, aujourd'hui, il n'y a que le Sheraton Oran qui offre toutes les facilités d'un vrai « Cinq étoiles ». Ceci dit, il est toujours bon d'avoir d'autres structures hôtelières pour qu'il y ait compétition entre nous. Cela ne pourra que rehausser le tourisme à Oran. Le Sheraton Oran a nécessité de gros investissements, dans combien de temps sera-t-il rentable ? On n'est pas encore rentré dans la rentabilisation du produit en tant que tel, il est évident que cela prendra quelques années. Nos estimations font état d'un taux d'occupation prévisionnel de 60% pour l'année 2006. En ce qui nous concerne, il est évident que c'est un nouveau marché mais nous sommes raisonnablement optimistes. D'aucuns laissent entendre que le Sheraton Oran cible une clientèle haut de gamme, en somme une classe d'élite ? Non, il est totalement faux de croire cela. On pratique des tarifs raisonnables. Certainement plus élevés que ceux pratiqués à travers les structures hôtelières existantes à Oran, mais il faut voir la qualité du produit, le cadre et les services que nous proposons à notre clientèle. Notre leitmotiv est de s'ouvrir à tout le monde. Il est clair que nous exigeons une certaine tenue, mais c'est aussi ce qui fait un label et une image de marque. Le Sheraton Oran pour le commun des citoyens est un lieu mystérieux, inaccessible qui suscite même de l'envie ? Non, mais il est vrai qu'il y a une attente depuis plusieurs années. L'ouverture a été quelque peu freinée par le Ramadhan, mais une fois les autres restaurants, le night-club et la piscine mis en service nous restons ouvert à tout le monde. M. Provis, je vous laisse le mot de la fin. Moi qui suis étranger à ce pays, je suis agréablement surpris de découvrir cette volonté à travailler et à apporter un plus au tourisme et à l'hôtellerie.