De l'avis de spécialistes, la région de Jijel présente des atouts favorisant l'élevage aquacole en raison essentiellement de la qualité de l'eau de mer, intacte de toute pollution, et du climat plus tempéré qu'en Europe qui favorise une croissance plus rapide des poissons. En dépit de ces atouts indiscutables, l'aquaculture n'arrive pas encore à s'implanter dans la région, bien que juste qu'à présent, trois projets ont été ficelés. Un de ces promoteurs, Mohamed Saâd Djemame, biologiste de formation, que nous avons rencontré, nous parlera de son projet de ferme d'élevage de loup de mer (bar) et de daurade, avec une passion et un enthousiasme qui dénotent l'impatience de ce jeune promoteur de se livrer à cette activité avec les conseils et la supervision de la Société d'ingénierie aquacole méditerranéenne (SIAM), un bureau d'études français sis à Montpellier. Partant du fait que c'est le site qui appelle à la concrétisation d'un projet en aquaculture, car il serait illogique de projeter une ferme aquacole pour chercher par la suite un site, M. Djemame a trouvé le site de la péninsule d'El Aouinat qui ferme à l'ouest la baie du phare de Ras El Afia, dans la commune de Jijel. Le bureau d'études reconnaîtra que « les caractéristiques du site le rendent très favorable à l'implantation d'une ferme aquacole, d'une part en raison de sa situation géographique, en bordure de mer et à grande distance de toute activité éventuellement polluante, et d'autre part, en raison de sa faible élévation et de son profil horizontal ». Ces atouts permettront notamment de disposer les ouvrages de prise d'eau en mer et de rejet de manière séparée, distants et opposés entre eux de chaque côté de la péninsule, ce qui constitue, selon le bureau d'études, « la garantie d'une eau de mer optimale, paramètre essentiel de sécurité et de performance en aquaculture ». La faible élévation du site se traduira quant à elle par des dépenses d'énergie optimales. Initié en 2002, le dossier sera déposé le 2 décembre de la même année au niveau de la direction de la pêche de la wilaya de Jijel. Après l'achèvement de l'étude de faisabilité par la SIAM, le dossier technique est déposé en 2003. Le terrain relevant d'une zone d'expansion touristique, le promoteur a été orienté vers l'Agence nationale de développement du tourisme (ANDT) qui lui accordera son accord le 24 novembre 2004. Le coût du projet est estimé à 3 millions d'euros avec la création de 21 emplois directs et une production annuelle de 500 t. Depuis, le dossier du promoteur attend son traitement au niveau du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Lors de sa dernière visite à Jijel en juin dernier, Smaïl Mimoune, ministre de la Pêche, avait reconnu ces retards, vu que la commission nationale chargée d'étudier ces dossiers ne s'est pas réunie depuis un an et demi. Il avait aussi promis une reprise des travaux de cette commission très prochainement.