Ahmed Ouyahia préfère continuer à faire de la politique sous l'état d'urgence, décrété depuis plus de 10 ans. « Au RND, nous ne sommes pas pour la levée de l'état d'urgence avant que l'affaire du terrorisme ne soit définitivement terminée », a-t-il répondu à une question d'un journaliste qui voulait savoir si la mise en œuvre de la charte pour la paix et la réconciliation nationale n'est pas conditionnée par ce point précis. Le secrétaire général du RND n'a pas situé le temps qu'il faudra pour éradiquer ce phénomène. Il a rappelé, à cet effet, que le ministre de l'Intérieur a déclaré au lendemain du référendum du 29 septembre que la levée de l'état d'urgence n'est pas à l'ordre du jour. Animant une conférence de presse, jeudi à 2h30 du matin, au terme du sommet de l'« Alliance » abrité par le siège de son parti, M. Ouyahia, ôtant la casquette du chef du gouvernement, a souligné que « l'application de la charte sera une somme de mesures qui seront, encore une fois, mises en mouvement par le promoteur du projet (...) auquel le peuple a donné mandat pour le mettre en œuvre ». Le secrétaire général du RND a insisté sur le fait qu'il n'y a « aucune divergence » dans l'application de la charte entre les trois partis de l'Alliance, tout en reconnaissant l'existence de perceptions différentes sur certaines autres questions de second niveau. Et qu'il y a encore du chemin à faire. « Le temps passant, je crois qu'il faut faire de plus en plus d'efforts pour trouver des sujets de grandes divergences entre les trois partis de l'Alliance sur des questions d'actualité nationale », s'est-il enorgueilli. « Nous sommes au moins alliés depuis 20 mois. Et si vous regardez le marché national de la classe politique, citez-moi un autre groupe qui a pu discuter ensemble une semaine », a-t-il lancé. Revenant sur la révision constitutionnelle que revendique le FLN depuis quelques mois, M. Ouyahia dira : « Chaque parti est libre d'ouvrir les ateliers qu'il veut. Mais vous me concéderez que la Constitution n'est pas une simple affaire. Elle dépendra de la mise en œuvre d'un processus institutionnel. » Selon lui, cette révision de la Constitution, le jour où elle devra avoir lieu, si elle devait avoir lieu, le processus ne sera pas mis en mouvement par le RND ou un autre parti. Ce serait un référendum. Il a affirmé qu'au RND cette révision constitutionnelle n'est pas un sujet d'actualité ni une priorité. Selon lui, il y a des gens que « cette Alliance dérange », avant d'enchaîner que « l'Alliance n'est pas triste pour qu'on s'occupe d'elle ». M. Ouyahia a indiqué qu'il y a eu échanges de points de vue entre les trois partis à propos de la mise en œuvre de la charte pour arriver à un constat opérationnel : il y aura un ordre qui sera donné par le chef de l'Etat. « Des mesures législatives réglementaires qu'on verra venir au sein des appareils de l'Etat », a-t-il précisé. M. Ouyahia a souligné à cet effet la détermination des partis de l'Alliance à soutenir à tous les niveaux la démarche du Président Bouteflika. Il a estimé qu'il ne faudrait pas aller plus vite que la musique. Pour lui, la préparation des textes de loi prendra quelques semaines. S'agissant des élections partielles en Kabylie, M. Ouyahia a indiqué que le premier souci de l'Alliance est qu'elles se dérouleraient dans le calme où on assistera à un bel exercice démocratique. Evoquant la transparence de ces élections qui seront organisées en l'absence d'élus, M. Ouyahia indiquera : « Si la garantie de la transparence des élections est les partis politiques, ce serait une chose très grave. » Car, toujours selon lui, l'administration est censée être neutre. A propos de la revendication du FLN, parti majoritaire au Parlement de la chefferie du gouvernement, M. Ouyahia, tout en estimant cela légitime, a précisé que cela est du ressort du président de la République. « La Constitution qui régit la République algérienne est une Constitution de régime présidentiel. Il est légitime pour chaque parti de vouloir avoir des choses, mais il se trouve que le système est régi en affaire précise par le président de la République. Nous n'avons pas besoin donc d'en discuter pour tomber d'accord », a-t-il soutenu. M. Ouyahia trouve que chaque parti à sa façon de vivre cette affaire. « Nous fûmes premiers à vivre cette situation. Je ne crois pas qu'il y a un problème qui se pose au sein du FLN. Et je n'ai aucun problème avec mon ami le secrétaire général du FLN », a-t-il rassuré. Et de renchérir : « Jusqu'à ce jour, nous fonctionnons en bonne intelligence au sein des instances de l'Etat et en bonne harmonie au sein de l'Alliance. Et la vie continue. » A une question relative à un probable remaniement gouvernemental, donnant justement Abdelaziz Belkhadem comme chef du gouvernement, M. Ouyahia précisera que « le seul qui sait, c'est le président de la République. Mais je ne pense pas que le gouvernement est un manège ». Pour lui, ces rumeurs sont la fabrication de cercles d'intérêts qui ont peur de la stabilité, car cela créera un climat pour l'application de la loi. Il dira ainsi que le chef du gouvernement va présenter son bilan annuel de 2005 en janvier ou en février 2006. Au chapitre économique, le SG du RND a indiqué qu'il y a eu échanges de points de vue sur le projet de loi de finances pour 2006. D'après lui, ce projet comporte une armada de mesures porteuses de réponses à la problématique économique et sociale. Des mesures qui viennent pour dynamiser l'investissement, le développement économique... « Avec la loi de finances complémentaire, nous allons libérer 30% des autorisations de programme », a-t-il noté. Toujours selon lui, la loi de finances pour 2006 va libérer 75% des autorisations de programmes et 57% des crédits. Concernant les privatisations, M. Ouyahia a évoqué les réunions hebdomadaires du Conseil de participations de l'Etat, qui aboutissent à des marchés. « Le chef du gouvernement a parlé, il y a 15 jours ou plus, que l'Algérie est arrivée à 200 entreprises privatisées », a-t-il noté.