Le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a répondu hier, durant trois heures, aux préoccupations et aux interrogations des députés. Au préalable, le chef de l'Exécutif a tenu à préciser qu'il existe une opposition en Algérie et cela s'est traduit par les critiques acerbes faites par les députés des différents partis politiques sur la déclaration de politique générale. Cet état de fait démontre, selon M. Ouyahia, que l'Algérie est un pays démocratique. Abordant la question relative à la réconciliation nationale et à l'amnistie, le chef du gouvernement indiquera que ces deux initiatives ont leurs droits d'auteur qui est le président de la République. En 2004, le peuple algérien a voté pour la réconciliation nationale. « C'était un choix et nous sommes fiers de cette démarche. Ces deux initiatives ne sont ni des affaires pénales ni une atteinte à l'histoire, mais visent ni plus ni moins le règlement de la crise qui a secoué l'Algérie. » M. Ouyahia a saisi cette occasion pour mettre fin à toutes les spéculations faites autour du projet d'amnistie. Il a d'abord remis totalement en cause la Commission nationale d'amnistie générale chargée de sensibiliser les citoyens sur le sujet. « Lorsque le projet sera mis en place, le président de la République lui-même l'annoncera et l'expliquera au peuple donc il n'a pas besoin d'intermédiaire. Néanmoins, ceux qui veulent faire campagne pour ce projet, cela n'engage que leur propre personne, il n'y a ni commission ni organisation qui parrainent cette initiative », a lancé M. Ouyahia. Sur le sort des patriotes, l'orateur leur a rendu un vibrant hommage estimant qu'ils « ont fait leur devoir avec courage et l'Etat sera à leurs côtés », a rassuré M. Ouyahia. En évoquant les libertés politiques, le chef du gouvernement estime qu'elles ne sont pas restreintes la preuve : toutes les salles sont ouvertes pour les personnes qui veulent organiser des manifestations. Il illustrera ses propos en donnant l'exemple de la création en 2004 de 75 associations à caractère national alors qu'en 2001 il n'y en avait que 63. Cela amènera le chef de l'Exécutif à rappeler que la levée de l'état d'urgence n'est pas à l'ordre du jour, car c'est une question de vie ou de mort. « L'état d'urgence n'empêche et n'empêchera aucun parti ou organisation d'organiser des activités politiques. D'ailleurs, il y a eu plusieurs élections qui se sont déroulées dans de bonnes conditions et en présence des étrangers alors que l'état d'urgence n'a pas été levé, l'instauration de l'état d'urgence a pour but d'assurer la sécurité des citoyens », dira M. Ouyahia. Concernant la liberté de la presse, le chef du gouvernement s'est dit fier de constater que l'Algérie possède 250 journaux. « Ce chiffre n'est pas la preuve édifiante de la liberté de la presse ? », a commenté l'orateur qui insiste sur le fait qu'il n'existe aucun journaliste qui a été emprisonné pour ses écrits ou ses opinions. « Je ne nie pas que certains journalistes sont poursuivis en justice, mais pour diffamation, et à mon sens, nul n'est au-dessus de la loi et il n'y a pas d'immunité dans ce sens », dira-t-il. M. Ouyahia, serein et catégorique, lancera que l'ouverture de la télévision et de la radio au privé n'est pas pour demain. « Il n'y aura pas pour le moment de chaîne privée, c'est clair et net. Nous ne sommes pas prêt pour entamer ce chantier », a-t-il souligné. Le même niet a été formulé par M. Ouyahia vis-à-vis des syndicats qui recourent aux grèves. « Le droit syndical doit se faire tout en respectant les lois de la République. Celui qui se réveille le matin et décide de déposer un préavis de grève de 15 jours sera sanctionné. C'est fini l'anarchie », a souligné le chef de l'Exécutif qui a conseillé, dans la foulée, aux responsables du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (CNAPEST) de remettre les notes des examens aux élèves et à l'administration. « La prise d'otage des Algériens, plus particulièrement nos élèves, est terminée. Je n'ai jamais vu dans d'autres pays une une grève de trois mois. Nous avons décidé de mettre fin à toutes ces agitations inutiles », a-t-il menacé. Sur un autre chapitre, M. Ouyahia a confirmé le départ imminent des élus de la région de Kabylie. « Les Assemblées seront dissoutes inévitablement dans les prochains jours et les élections seront organisées dans les régions touchées par la crise », a-t-il précisé. Pour ce qui est des prérogatives des élus de l'Assemblée, le chef du gouvernement a rassuré qu'il n'existe aucun complot contre eux en lançant à l'égard des députés : « Cessez de voir le diable partout. » Le conférencier a annoncé que la loi communale et celle des finances seront prochainement entre les mains des députés. Par ailleurs, M. Ouyahia a indiqué que l'Etat ne lésinera pas sur les moyens pour combattre les différents fléaux tels que la drogue, le crime et le vol ainsi que la corruption. Sur ce dernier point, M. Ouyahia soutiendra que l'Etat a décidé par étape de mettre un terme à ce fléau. Le conférencier n'omettra pas d'évoquer l'affaire Khalifa, en admettant que ce « dossier n'a pas fini de dévoiler ses résultats et la vérité sur cette affaire clarifiera certains points et libérera les esprits ». En outre, une loi sur la contrebande est en phase de finalisation.