La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) a organisé, hier, une conférence de presse pour dénoncer le maintien de l'état d'urgence en Algérie. Une situation qui dure depuis dix-huit ans ; le président de la LADDH, Mustapha Bouchachi ,comme le président d'honneur, Me Ali Yahia Abdenour, ont saisi cette opportunité pour appeler à la levée de l'état d'urgence lequel état d'urgence, se serait, selon eux, “anticonstitutionnel”. “Cela fait dix-huit ans que ça dure, et il faut en finir avec cette situation. Aujourd'hui, les enfants nés en février 1992 ont dix-huit ans et ont vécu toute leur vie dans l'état d'urgence. La loi autorise l'état d'urgence, certes, mais cela pour une durée bien déterminée. Au départ, en 1992 c'était juste pour une année, et il a été prolongé sans le respect des lois de la République et de la Constitution algérienne et sans que les deux Chambres du Parlement ne soient préalablement saisies pour approbation”, insiste Me Bouchachi. “Qu'est-ce que cela leur aurait coûté de demander aux députés au Club-des-Pins de lever la main”, ironise-t-il. Au début, le pouvoir a évoqué l'urgence, mais cet état d'urgence sert à museler les libertés. D'ailleurs, l'ancien chef d'état-major de l'armée, le général Mohamed Lamari, avait déclaré que le terrorisme était vaincu et que le pays peut se passer de l'état d'urgence, et ce, au même titre que le ministre de l'Intérieur et celui des Affaires étrangères. Ce dernier a d'ailleurs fait l'éloge de l'Algérie dans sa lutte contre le terrorisme qu'il a qualifiée d'une leçon pour le monde, souligne Me Bouchachi, pour mettre en évidence la contradiction. “Malgré deux référendums sur la concorde civile en 1999 et la réconciliation nationale, qualifiée d'ailleurs d'une totale réussite, cette situation subsiste toujours. Donc, l'état d'urgence n'a pas de raison d'être aujourd'hui. Après dix-huit ans, les Algériens ont le droit de se poser la question si l'état d'urgence est maintenu contre le terrorisme ou contre le peuple. Et c'est à cette occasion qu'on fait appel à toutes les forces vives du pays, partis politiques, syndicats, associations, ONG, pour se mobiliser tous afin d'en finir avec l'état d'urgence qui est un outil entre les mains du pouvoir afin de museler toutes les libertés et maintenir ses intérêts. Cette situation est propre aux régimes arabes avec la Syrie qui est en état d'urgence depuis 27 ans et l'Egypte depuis 28 ans”, dira Me Bouchachi. De son côté, Me Ali Yahia Abdenour n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer le maintien de cet état d'urgence. “L'état d'urgence va à l'encontre du droit national et international, car brimer les libertés individuelles et publiques ne peut se faire que par voie de justice et non administrative comme en Algérie. Le terrorisme est vaincu, comment expliquer le fait de mobiliser 264 000 policiers, 280 000 gendarmes et 260 000 militaire pour combattre 400 à 600 terroristes ? L'état d'urgence a glissé vers l'état de siège. On ne peut pas avancer avec l'état d'urgence”, dira Me Ali Yahia Abdenour qui a repris une citation de Victor Hugo pour appuyer son appel à la levée de l'état d'urgence : “Libérez la liberté et la liberté fera le reste.” Enfin, la LADDH a, à cette occasion, décidé de mettre en place un conseil national pour la levée de l'état d'urgence qui regroupera toutes les forces politiques du pays entre partis politiques, associations, intellectuels et autres ONG afin de se rassembler dans le but de mettre pression sur l'Etat et en finir avec l'état d'urgence. Si cela ne marche pas, Me Bouchachi fera savoir que la LADDH saisira l'opinion internationale. “À cette occasion, on fait appel pour la création d'un conseil national pour la levée de l'état d'urgence. Un appel pour toutes les forces politiques et la société civile pour la fin de l'état d'urgence”, conclut Me Bouchachi.