D'enjeu sécuritaire puis politique, cette question est aujourd'hui une donne électoraliste. La levée de l'état d'urgence est-elle un moyen ou un obstacle au retour à la normale de la vie sociopolitique en Algérie? Une question qui se taille la part du lion dans les discours de campagne électorale. Le général Larbi Belkheir avait jeté un pavé dans la mare, à quelques encablures de la campagne électorale, dans les colonnes du journal Le Monde. Le chef de cabinet de la présidence de la République, voulant sans doute tester la classe politique, a remis au goût du jour l'un des aspects les plus visibles de la crise algérienne. En tout cas, la question passe pour être indissociable des propositions électorales de tous les partis. Après Louisa Hanoune et le FLN, qui soutiennent le principe de sa levée, Ahmed Ouyahia tente «de remettre les pendules à l'heure» en insistant sur le maintien de l'état d'urgence. Quant au Président de la République, il garde encore ses distances. Les discours de campagne des partis en lice pour le prochain scrutin législatif varient, mais demeurent inchangés dans leur forme. Même si la position plutôt favorable du FLN peut s'expliquer par la volonté de ce dernier de renouer avec la population en se mettant au diapason de ses aspirations, le RND, lui, vient apporter la contradiction en soutenant que l'état d'urgence est l'ultime bouclier contre la dérive. Louisa Hanoune est à 180° de la position d'Ouyahia puisqu'elle ne cesse de marteler que justement cet état d'urgence a ouvert la voie à toutes les dérives. Dans les derniers discours de la porte-parole du PT, il ressort que l'état d'urgence est la source de tous les maux vécus par la population et la classe politique. Passé d'une vision sécuritaire, l'état d'urgence instauré depuis plus de 10 ans, est devenu, avant sa réelle levée après les communales prochaines selon certaines sources, un enjeu politique réduit à un enjeu électoral. Seuls le FFS, qui est hors campagne électorale, et le PT sont, depuis des années, constants dans leurs positions sur la question. Le prolongement de l'état d'urgence, selon ces deux partis connus pour leur opposition, est un non-sens. Ils affirment qu'il ne sert actuellement que de prétexte pour étouffer les libertés individuelles et collectives en attendant de trouver mieux pour sauver sa peau. Les partis islamistes, de leur côté, essayent de jouer l'opposition sans pour autant formuler des positions claires. Chez les deux mouvements, le MSP et le MRN, actuellement, tête de file de la mouvance, on ne parle que du syndrome de la fraude. La question de la levée de l'état d'urgence n'a été soulevée que lors de deux ou trois meetings.