Celui qui était considéré comme un savant humble, pétri des immenses qualités en humanisme et de générosité, Serge Lancel est décédé le 9 octobre, à Grenoble (France), à l'âge de 76 ans. Il a été un grand connaisseur des civilisations du Maghreb antique. Serge Lancel s'était illustré lors du colloque international sur saint Augustin qui s'est tenu à Alger en 2001. Cet ami de l'Algérie, qui vient de quitter le bas monde fait partie des grands savants dans la recherche et la connaissance de l'histoire et de l'archéologie du Maghreb et de l'Algérie en particulier. Il avait occupé le poste de responsable de la circonscription archéologique de Tipaza de 1964 à 1968. Serge Lancel avait également enseigné à l'université d'Alger de 1965 à 1971. Rigoureux dans son travail, sa pédagogie réaliste rayonnante, Serge Lancel amoureux de l'Algérie, avait participé sans relâche à la formation d'une génération d'historiens et d'archéologues algériens. On peut citer quelques-uns tels que Mounir Bouchenaki, l'actuel directeur général adjoint de l'Unesco, Benssedik Nacéra, Maâtaoui Fatima, Khelifa Abderrahmane, Khadra Fatima, Dahmani Saïd, Doukali Rachid et Ferdi Sabah. Ces jeunes universitaires algériens avaient constitué le noyau fondateur de l'archéologie algérienne. La semence de Serge Lancel a porté ses fruits. Ses anciens élèves ont sillonné l'ensemble du territoire national à la recherche des secrets de l'histoire de l'Algérie, en procédant à des fouilles sur une multitude de sites. Serge Lancel était fier de la bonne réputation de ses anciens élèves, qui d'ailleurs, a dépassé les frontières nationales. Il avait participé en qualité de président de jury à deux éditions de la biennale du film et de l'archéologie de Tipaza en 1990 et 1992. En raison du terrorisme et des assassinats perpétrés par les hordes criminelles, il était forcé de quitter l'Algérie en 1993. Sans retenue et toujours disponible, il est demeuré fidèle à son tempérament et à son image, celle d'un savant humble qui transmet ses connaissances, les conclusions de ses recherches et ses expériences à ses interlocuteurs. Serge Lancel, cet éminent chercheur, n'avait jamais ménagé ses forces et ses ressources, en s'engageant dans l'étude de la vie et de la pensée de saint Augustin. Il avait effectué plusieurs séjours en Algérie et particulièrement à Tipaza, un pays qui a toujours fasciné le chercheur, d'autant plus qu'il ne s'était jamais senti étranger dès qu'il foulait le sol algérien. Jusqu'aux ultimes moments avant sa mort, rongé par la maladie et allongé sur son lit, Serge Lancel continuait à travailler sur les lettres de saint Augustin. Même dans un état de fatigue, il ne pouvait se passer des nouvelles de l'Algérie. Il est l'auteur d'une série d'ouvrages, dont celui de la Biographie de saint Augustin (1999) et L'Algérie antique, de Massinissa à saint Augustin, édité à l'occasion de la célébration de l'Année de l'Algérie en France (Djazaïr 2003). Il avait écrit le scénario d'un film réalisé par Mohamed Chouikh, qui a été primé. Serge Lancel s'est sacrifié dans les cycles de formation qu'il avait lui-même dirigés à Alger, Tipaza et Carthage. En plus de ses magnifiques publications enrichissantes, il avait animé des colloques à travers le monde. Serge Lancel est membre du collectif français spécialisé dans l'histoire et l'archéologie de l'Afrique du Nord. Incontournable, Serge Lancel est demeuré l'une des chevilles ouvrières des séminaires et rendez-vous internationaux qui traitaient de l'histoire et de l'archéologie du Maghreb durant plusieurs décennies. Serge Lancel est membre de l'Institut et de l'Académie des inscriptions et Belles Lettres, il avait été membre de l'école française de Rome (Italie) et professeur émérite à l'université de Grenoble. Serge Lancel, l'homme qui a inlassablement œuvré pour le développement culturel de l'Algérie et la préservation des patrimoines archéologiques algériens sera enterré aujourd'hui à Grenoble.