Les Algériens sont-ils suffisamment informés sur la préservation de la biodiversité. Peut-on parler de l'émergence d'une culture dans ce domaine ? Ce n'est malheureusement pas encore le cas et les experts qui ont rédigé le 3e rapport national sur la mise en œuvre de la convention sur la biodiversité, ratifiée par notre pays le 6 juin 1995, n'ont pas manqué de faire plusieurs critiques. Lors de la présentation dudit rapport, validé par le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, Cherif Rahmani, Abdelguerfi Aïssa, chef du projet, a fait part du « manque d'intérêt » des différentes institutions pour la préservation de la biodiversité, en se basant sur les réponses apportées par ces institutions au contenu du rapport qui leur a été adressé. Sur les 51 institutions qui ont été destinataires du rapport, seules 15 ont donné des réponses à l'équipe chargée de la confection du document. Sur les 12 ministères et ministères délégués ayant reçu le rapport, seuls 7 ont adressé leurs remarques. M. Abdelguerfi pense que « les mesures incitatives sont faibles en Algérie. Le manque de mobilité des compétences a posé problème, ce qui a bloqué les recherches scientifiques », a-t-il estimé. Entre autres facteurs de blocage, des articles de la convention sur la diversité biologique. Le même expert évoque la pression démographique, la pauvreté et les catastrophes. Néanmoins, cela ne devrait pas constituer une fin en soi, note M. Abdelguerfi, bien au contraire, selon lui, « eu égard à l'importante richesse que recèle notre pays en matière de diversité biologique, et considérant toute la pression anthropique qui s'exerce sur le milieu naturel et notamment sur les habitats, le rapport doit constituer un tableau de bord où chaque institution doit être sensibilisée sur la situation actuelle de notre patrimoine biologique avant de prendre, chacune à son niveau, les mesures nécessaires pour la sauvegarde de nos ressources biologiques en péril ». Lui succédant, un autre expert ayant participé à la rédaction du rapport a pris l'exemple du ministère de l'Agriculture où les mécanismes d'incitation orientés vers la préservation de l'écosystème sont rares. Tout est orienté vers la production, a-t-il dit. Le même expert signale aussi un retard dans l'accès aux ressources génétiques. Intervenant à cette occasion, M. Rahmani a indiqué que « l'élaboration du rapport national par des experts algériens vise à faire le point sur nos actions et nos insuffisances en matière de préservation de la biodiversité, pour être fixés sur l'avenir, en les mettant au niveau des exigences internationales ». Il s'agira, a-t-il ajouté, d'œuvrer, sur la base de l'évaluation établie dans le rapport, à améliorer le niveau de préservation des différents écosystèmes, en ciblant des objectifs précis à atteindre. Le ministre a souligné par ailleurs « la nécessité de mieux lier l'industrie à la biodiversité ». « Cet atelier est un aiguillon pour pousser les acteurs de l'économie à aller au-delà », a-t-il dit. Dans ce cadre, il a annoncé le lancement d'un plan pour le capital naturel permettant d'actualiser et d'élargir les études dans ce domaine et d'aller vers l'établissement d'une banque de données et d'un système de surveillance de la biodiversité. Selon M. Rahmani, sur 1600 espèces, l'Algérie n'en utilise que 1%.