La mort, hier matin, de Mustapha Skandrani, a ému le Tout-Alger culturel mais aussi de nombreux fans anonymes du maestro. Le domicile de celui qui a accompagné les grands noms de la chanson algérienne, sis à Bologhine, n'a pas désempli. Bien avant l'évacuation de la dépouille mortelle vers sa dernière demeure, des amis et des alliés prenaient encore place sur la terrasse qui fait face à la mythique plage Les Deux Chameaux. La larme à l'œil, mais dignement, ses fils recevaient les condoléances. « Le maître était aussi un père pour nous. Nous ressentons avec douleur sa disparition », lance tristement Abdelkader Guessoum au cadet du défunt, Nabil. Le chanteur chaâbi qui a marqué les années 1970 et qui se plaît à se qualifier d'« Algéro-Blidéen » se souvient. « C'est Mustapha Skandrani qui m'a appris les rudiments du métier. C'était en 1969 », nous dit-il. Et d'ajouter : « Sa modestie n'avait pas d'égale. Je ne l'avais jamais vu en colère. Son sens de l'humour nous faisait aimer le métier. » A 13h, la dépouille quitte le domicile, silencieusement, pour être « confiée » aux fidèles de la mosquée d'à côté. La prière du mort à laquelle ont pris part d'anciennes personnalités, dont son ami et voisin, Djelloul Mélaika, ex-vice-président de l'APN du temps du parti unique. Mme Zahira Yahi, chef de cabinet de Khalida Toumi, a représenté la ministre qui se trouve à l'étranger. « Nous perdons un monument », nous confie-t-elle. Au cimetière de Sidi M'hamed (Belouizdad), Mohamed Lamari parle de ses débuts dans la chanson. « Des débuts marqués par un maître nommé Mustapha Skandrani. En 1953, il animait une émission culturelle (en arabe) à Radio Alger. C'est lui qui m'avait fait connaître, bien que que mes débuts datent de 1948 », dit-il. Rachid Souki, chanteur chaâbi, de la génération de Hssen Saïd et de Mohamed Lachab, entre autres, abonde dans le même sens. « La contribution de Mustapha Skandrani dans la création musicale, que ce soit chaâbi, bédouin, aroubi ou autre genre, restera gravée dans les annales de la prospérité. » Quant à Hamraoui Habib Chawki, DG de l'ENTV, il dira : « Mustapha Skandrani était un artiste généreux et au cœur d'or. »