Des amis du défunt, des musiciens, des compositeurs, des chanteurs et même des écrivains, étaient tous présents pour faire une halte et pleurer le maître Skandrani. Son corps repose au cimetière de Sidi M'hamed, à Alger, son âme est au ciel, mais son statut de pianiste hors pair, de monument de la musique algérienne, de footballeur, reste toujours vivant dans les esprits et les mémoires de tous ceux qui l'ont connu, notamment les mélomanes. Car il s'agit réellement d'un monument qui n'est autre que le défunt maître Mustapha Skandrani. Hier, à l'occasion d'un hommage rendu en sa mémoire, par le centre culturel de la Radio nationale, on le voyait vivant! Vivant à travers ses nombreuses compositions, sa technique et sa frappe magique sur le piano. En effet, à cette occasion, des amis du défunt, des musiciens, des compositeurs, des chanteurs et même des écrivains, étaient tous présents. Lors d'une conférence donnée par le musicologue Nasser Eddine Baghdadi, on est longuement revenu sur le parcours de Skandrani. «Skandrani a beaucoup servi la musique algérienne. Soit dans le chaâbi, soit dans l'andalou. Car il a adopté ce genre de musique.» Pour lui, Skandrani reste l'un des meilleurs musiciens du XXe siècle, aussi bien en Algérie que dans le monde arabe. Dans le monde arabe, parce qu'il a travaillé avec des chanteurs syriens, égyptiens, libanais et tunisiens, a fait savoir le conférencier. «C'est grâce à lui, ajoute-t-il, que j'ai en mémoire la musique algérienne.» Selon lui, l'occasion était aussi présentée aux artistes, auxquels il a déjà composé des mélodies, de vivre quelques moments de plaisir et de regret. De regret! Car il est toujours regrettable de perdre un homme de la trempe de Skandrani. Le plaisir, reste toujours un plaisir de remémorer les souvenirs. «Je garde beaucoup de souvenirs du défunt. Nous avons travaillé ensemble. Il m'a composé quelque trois ou quatre chansons. Pour moi, il reste l'un des meilleurs musiciens et compositeurs que j'ai fréquentés», nous déclare le chanteur chaâbi Abdelkader Chaou. La même impression a été ressentie chez l'autre figure du chaâbi Sid Ali Driss. «Le souvenir qui me marque le plus, c'est le jour où j'étais élu en finale de «Alhane Oua Chabab», sous l'orchestre de Skandrani. C'était une double satisfaction par le fait d'occuper la première place et de travailler sous son orchestre.» Lors de cet hommage, a été présent aussi, un certain Sid Ahmed Serri, une figure emblématique de la chanson andalouse. «Skandrani a marqué son époque avec des lettres d'or. Il mérite donc cet hommage. Il faut donner à chacun ce qu'il mérite», pense-t-il. Pour bien marquer cette halte commémorative, les responsables de ce centre culturel organisent ce soir, à partir de 20 heures, une grande soirée artistique, qui sera animée par une armada de chanteurs de chaâbi et de l'andalou, dont Abderrahmane Elkoubi et Abdelkader Chaou. Une chose est sûre, ce soir, l'assistance passera des moment émouvants qui feront frémir la grande salle du centre culturel. Pour revenir à la vie du chanteur, quoi que l'on dise et quoi que l'on écrive, des pages et des pages ne suffiront pas à décrire une personne aussi grande que le défunt Mustapha Skandrani. Car il suffit juste de se rappeler que l'enfant, que la Casbah d'Alger a vu naître, a consacré plus de 50 ans au service de la musique pour devenir l'artiste de cette trempe. Durant ses cinquante ans de musique, Mustapha a réussi à préserver et à promouvoir la musique du patrimoine.