L'Association de culture berbère (ACB) organise samedi prochain un colloque sur « L'Autre Camus » au Relais de Ménilmontant, à Paris. La « lecture de Camus comme lien harmonieux entre colonisateurs et colonisés doit être nuancée. Quarante ans après l'indépendance de l'Algérie, nous devons poser un regard critique sur l'œuvre de Camus et réaliser que ce grand écrivain algérien, dont nous sommes fiers à la fois comme français et algérien, était opposé au système colonial, non pas pour sa nature mais pour ses dysfonctionnements », précisent les initiateurs du colloque qui sera animé par le journaliste et écrivain Arezki Metref et auquel participeront Henri Alleg , journaliste, écrivain et militant anti-colonialiste, l'historien Benjamin Stora, Hacène Hirèche, enseignant de langue et civilisation berbère à l'Université de Paris 8, Denise Brahimi, universitaire, Nabil Farès, écrivain et psychanalyste, Christiane Chaulet-Achour, Nourredine Saâdi qui traiteront respectivement de « Camus et l'anti-colonialisme », « Camus et le nationalisme algérien », « Les émotions dans le texte : ‘‘la misère en Kabylie ‘' », « L'humanisme méditerranéen de Camus », « Entre littérature et politique, une éthique de l'acte et de l'humain », « Le choc des humanismes : Camus, Roblès, Sénac » et « Camus ou la nostalgie de ce qui n'a pas eu lieu ». Ce colloque est, du point de vue de ses initiateurs, sous-tendu par les interrogations suivantes : « Qu'est-ce qui explique ce retour d'Albert Camus au moment où, en Algérie comme en France, la mémoire commune de la colonisation (colonisés et colonisateurs) s'aiguise dans l'antagonisme ? » « Le fait est que l'œuvre et la vie d'Albert Camus ne cessent d'être interrogées pour essayer d'y trouver la vision prophétique d'une Algérie naufragée sans la France, c'est-à-dire mutilée de son identité historique. Mais le consensus miraculeusement recouvré d'une Algérie autour de l'humanisme de Camus ne relève-t-il pas d'une lecture univoque de son œuvre ? » « Surmontant bien des obstacles structurels légués par le rapport colonial, l'Algérie et la France sont en passe de parvenir à des relations équilibrées. Albert Camus, écrivain solaire et intellectuel déchiré, symbolise sans doute cette fracture d'essence coloniale qui s'est superposée à la Méditerranée. Ses positions humanistes, indécises par rapport à la colonisation, étaient de son temps. Doivent-elles rester du nôtre ? » .