Le président de l'Assemblée populaire de la wilaya (APW) de Béjaïa, Hamid Ferhat, ne croit pas à la «bonne volonté» du gouvernement de mener à bien sa politique de développement national. Et pour cause. Le plan spécial promis pour Béjaïa est jeté aux oubliettes et le plan quinquennal s'avère être un «menu fretin». Le P/APW accuse le pouvoir central d'exclure du plan de développement national la Kabylie, et particulièrement Béjaïa, «dernière wilaya en matière de dotation budgétaire». Dans la grande salle de la maison de la culture, un grand monde a veillé jusqu'à minuit passé, jeudi, pour l'écouter «dire des vérités» sur le plan quinquennal, qui court jusqu'à 2014, accordé pour la wilaya de Béjaïa. Un plan qui a été, faut-il le noter, retourné aux services du ministère de l'Intérieur pour la correction de grosses erreurs de calcul avec des réserves formulées par le comité de diagnostic de la wilaya qui a eu à estimer les besoins de Béjaïa à 266 milliards de dinars et à 467 milliards de dinars en intégrant le CHU et la pénétrante autoroutière, deux projets qui se font désirer. «A notre grande surprise et étonnement, le programme quinquennal 2010-1014 n'en est qu'une énième marginalisation aux relents d'une dangereuse stigmatisation», accuse le P/APW, qui rappelle la promesse non tenue du chef de l'Etat de débloquer une enveloppe spéciale pour la région. «Quant au programme spécial, promis par le chef de l'Etat lors de la seule virée électoraliste à la salle Bleue, il est sans nouvelle», ajoute Hamid Ferhat, qui remet au goût du jour la question de savoir les visées de l'absence d'une visite présidentielle dans la région. «Pourquoi ne vient-il pas ? Si la population a le droit de lui tourner le dos, lui n'en a pas», fait-il remarquer en faisant allusion au reproche fait à la population locale par le candidat Bouteflika, en avril 2009. Rien que pour sa mise à niveau, la wilaya de Béjaïa exprime un besoin, selon l'estimation du comité de diagnostic, de 355 milliards de dinars nécessaires pour rattraper un grand retard de développement avant de se lancer dans le plan des 5 ans à venir. Le plan quinquennal, qui ne réserve aucun programme neuf pour les secteurs des transports, de l'industrie et de la promotion de l'investissement et des finances, est doté de 407 milliards de dinars. «Mais attention ! 52,79 milliards de dinars sont, ajoute l'orateur, destinés à l'achèvement des programmes en cours. Donc, on a réellement une enveloppe d'environ 354 milliards de dinars qui est loin des 467 milliards de dinars proposés.» Et la soustraction n'est pas finie. «Si on réduit le CHU et la pénétrante autoroutière, il ne restera qu'environ 150 milliards de dinars pour le développement de la wilaya durant les cinq années à venir. Quelle hogra ! s'exclame M. Ferhat. «Nous allons rendre publics tous les documents portant propositions des programmes spéciaux et quinquennaux que nous avons produits et tout ce qui a été attribué à notre wilaya. Beaucoup de détracteurs seront rattrapés par la vérité.» En organisant sa conférence publique, sous l'égide de la section communale du FFS, son parti, Hamid Ferhat devance ainsi le wali qui s'apprête à tenir ces jours-ci une réunion, reportée une première fois, avec les élus de la wilaya autour de la «promotion» de ce programme quinquennal. Dans le PV de validation de ce programme, la commission mixte (administration-APW) a insisté sur la prise en charge des projets non notifiés qui «présentent un intérêt économique certain et revêtent un caractère prioritaire». Il s'agit, entre autres propositions, d'un réseau de tramway et de trois lignes de téléphériques, d'infrastructures routières, de réhabilitation et extension de réseaux d'assainissement, de réalisation de 16 décharges contrôlées, de l'extension du port et de l'aéroport et de l'aménagement du site d'Ifri qui a abrité le Congrès de la Soummam.