La dotation spéciale promise pour la Kabylie est-elle, une année et demie après avoir été évoquée, une promesse de Gascon ? Depuis son annonce dans la foulée de la campagne électorale pour la présidentielle d'avril 2009, le plan spécial promis par le chef de l'Etat, à partir de la ville de Béjaïa, pour la Kabylie reste prisonnier d'une promesse non tenue. Serait-il jeté aux calendes grecques ? Le doute s'est installé à Béjaïa et le nouveau programme quinquennal est venu le conforter. Et pour cause. Ce programme qui couvre la période 2010-2014 est doté d'une généreuse enveloppe de 409 milliards de dinars. Soit le quadruple de la somme allouée dans le cadre du dernier quinquennat (2005-2009). C'est le troisième plus important budget quinquennal 2010-2014 dégagé pour une wilaya après ceux de la capitale (935 milliards de dinars) et de Constantine (450 milliards). C'est du moins ce qu'offre à constater une première lecture des chiffres qui donne d'ailleurs motif à y voir la main «généreuse» du pouvoir central pour une wilaya qui accumule un grand retard de développement. La deuxième lecture, elle, invite à tempérer les ardeurs. La raison ? C'est que ce programme, qui présente un entremêlement d'opérations, est gonflé par des projets qui sont re-comptabilisés bien qu'ils soient bel et bien réceptionnés depuis un temps. C'est le cas, par exemple, de deux infrastructures à Akbou que l'on a repris comme programme en cours (PEC): la trémie et le nouveau tribunal. La première a été inaugurée en juillet 2009 et la deuxième, opérationnelle en avril de la même année, a vu passer bien des procès. En tout, se sont plus de 52 milliards de dinars de «programme en cours».La question se pose sur tous ces projets traînant qui passent d'un programme quinquennal à un autre. Reliquat A mars 2010, il est resté du programme exécuté au titre de l'exercice achevé un reliquat de plus de 18 milliards de dinars. Les retards accusés dans les projets qui ne sont pas réalisés dans les délais appellent forcément des surcoûts du fait de leurs réévaluations. Il y a une demande de réévaluation pour presque 4 milliards de dinars pour des projets dont l'inscription de certains remonte à 2005. Si la moitié de la dotation qui revient au secteur de l'hydraulique, pour ce quinquennat qui égrène les derniers mois de sa première année, relève du PEC, la somme réservée pour les transports l'est en totalité. Les financements demandés, par le comité ad hoc Wilaya-APW, pour des études de trois lignes téléphériques, un réseau de tramway, …n'ont pas été retenus. Résultats : aucun programme neuf pour les transports. Le secteur de l'Education nationale, lui, se doit de continuer un programme en cours plus important que celui nouvellement notifié. L'industrie et la promotion de l'investissement récolte un «0,00» sur toute la ligne. Rien aussi au tableau pour les Finances. Ainsi, du présent plan quinquennal, il restera un programme neuf de 354 milliards de dinars. Le secteur des travaux publics s'en adjuge une grosse part de plus de 60 %. Gonflé par un projet qui commence à prendre de l'âge : la pénétrante qui doit lier Béjaïa à l'autoroute est-ouest. Un projet qui coûtera pas moins de 190 milliards de dinars. Il restera pour les routes une maigre part à partager entre renforcement, modernisation et autres études. La RN26, elle, devra attendre. Son dédoublement n'est pasau programme. Saturée, elle le restera jusqu'à, au moins, 2014. Concernant la Santé, plus de 95 % des 11,6 milliards de dinars qui lui sont alloués, comme nouveau programme, sont destinés pour le seul projet du CHU. Cumul Très attendus par la population, les deux projets de la pénétrante et du CHU ont été une revendication longtemps exprimée. Dans une sortie publique, le P/APW a estimé que ces deux projets structurants doivent être pris en charge en dehors de ce programme. Au vu des tristes expériences vécues pour d'autres projets traînant, il n'est pas exclu que ces deux projets, du moins pour la pénétrante, réapparaissent dans le prochain programme quinquennal qu'ils gonfleront. Sans eux, l'actuel programme dépasse à peine les 150 milliards de dinars. Ce qui, du coup, relègue la wilaya au bas du tableau en terme d'importance des programmes quinquennaux. Pas de quoi espérer rattraper le grand retard de développement accumulé jusque-là. C'est en tout cas moins que certaines wilayas dotées parallèlement de programmes spéciaux. Et bien en deçà aussi des 265 milliards demandés par le comité ad hoc qui avait ainsi estimé les besoins de la wilaya, en dehors de ce que devait réserver le plan spécial. 265 milliards, c'est exactement la somme qui vient d'être allouée à la wilaya de Tizi Ouzou dans le cadre de son programme quinquennal. Dans la Soummam comme dans le Djurdjura, à Bouira comme à Boumerdés, on n'espère pas attendre le plan spécial comme l'on attend Godot.