Les 450 immigrants clandestins subsahariens qui ont franchi la frontière près de Boukaïs (50 km au nord-ouest de Béchar) ont été effectivement transportés dans la nuit du 3 octobre dernier en autocars par des éléments de la Gendarmerie nationale jusqu'à la wilaya d'Adrar (El Watan du 6 octobre). Contrairement à une rumeur colportée faisant état d'un refoulement par l'Algérie de ces Africains vers les points de départ (Maroc), une source sécuritaire a formellement démenti la rumeur et a précisé que ces candidats à l'émigration en Europe via le Maroc ont été acheminés en direction de leurs pays respectifs par le sud de l'Algérie. Devant les graves et récentes accusations lancées contre l'Algérie par les autorités marocaines, un petit voile est cependant levé sur les péripéties du drame vécu par ces malheureux immigrants qui ont transité par Béchar. La même source a indiqué qu'ils ont été conduits à proximité de la frontière sud-algéro-marocaine et abandonnés à leur propre sort dans le désert du royaume chérifien avant d'être récupérés par les gardes-frontières algériens près de la localité de Boukaïs, dans un état de dénuement total. La même source témoigne encore que plusieurs d'entre eux ont été battus pour avoir résisté à leur expulsion, délestés de leurs maigres économies, de leurs papiers d'identité et surtout abandonnés sans nourriture pendant trois jours. Mais la chose la plus grave, indique encore notre source, c'est que parmi ces 450 immigrants chassés figurent des ressortissants africains installés légalement sur le sol marocain depuis longue date. Cette affirmation est cependant étayée par la présence de femmes et d'enfants à bord des autocars lors de leur transit par Béchar vers le sud, dans la nuit du 3 octobre dernier. Ici dans la région, les observateurs qui suivent de près l'évolution du drame de l'immigration clandestine n'ont pas manqué de relever le revirement spectaculaire des autorités marocaines. « Le traitement humain » réservé ces derniers jours à ces Africains en territoire marocain n'est intervenu, ont fait remarquer les observateurs, qu'après que les médias étrangers se soient emparés du dossier. et craignant d'être cloué au pilori dans un mouvement de réprobation international, le Maroc a subitement changé d'attitude envers les immigrants clandestins. Personne ici n'a accordé le moindre crédit aux élucubrations et propos grotesques du Premier ministre marocain sur la chaîne arabe Al Jazeera, la semaine écoulée. Les organisations internationales savent très bien que les ressortissants africains ne font que transiter par l'Algérie. Et même lorsque les autorités du pays décident de les refouler vers leurs pays d'origine, elles le font dans des conditions humaines respectant leur dignité et surtout en concertation avec leurs représentants diplomatiques accrédités en Algérie. En réalité, la débâcle politique et diplomatique essuyée récemment par le royaume du Maroc dans l'enceinte des Nations unies sur la question du Sahara-Occidental en est la principale motivation qui le pousse à impliquer dans cette affaire l'Algérie qui a toujours su assumer pleinement ses engagements vis-à-vis de cette question. Alors, à quand la cessation de l'amalgame sciemment entretenu par le royaume du Maroc ?