S'il est un plat que Farid préfère parmi tous les autres, c'est bien la gazelle crue. Pourtant, Farid n'est pas un gros mangeur mais un insatiable amateur de gazelles. A 31 ans, Farid est un dévoreur de gazelles et il peut en manger trois ou quatre par jour si elles sont de bonne qualité, ce qui inquiète un peu sa mère qui préfère le voir marié afin de pouvoir manger de la viande halal tous les jours. Mais Farid continue à dévorer de la gazelle crue à un rythme que même un émir braconnier du Golfe du côté de Laghouat lui envierait. Car comme le dit souvent Farid, la gazelle reste toujours tendre même quand elle est crue et les meilleurs morceaux ne sont pas forcément là où l'on croit qu'ils sont. La gazelle de prédilection de Farid ? Celle des villes, gracile et agile mais qui ne court pas trop vite, la gazelle légère qui batifole au pied des arbres des grands boulevards et qui s'arrête souvent près des sources de gazouz pour se désaltérer. Pour ce Ramadhan, la gazelle crue étant interdite, Farid a eu de gros problèmes. C'est ainsi qu'au seizième jour du Ramadhan, Farid a craqué. Oubliant tous les préceptes religieux, Farid a enfilé son plus beau costume de chasse et est sorti dans la rue, vers midi. Et là, Farid a vu. Des centaines de gazelles, toutes aussi fraîches et jolies les unes que les autres, se bousculant dans la jungle urbaine. Une fois sa victime repérée, une charmante gazelle peu farouche, Farid l'a capturée après une approche classique en cercles concentriques contre le vent. Quand il a dévoré sa gazelle et digéré le tout, Farid a bien sûr regretté. Pour se rattraper, Farid s'est ainsi promis d'observer le jeûne pendant encore un mois et de ne plus manger de gazelle pendant ce temps. Avec l'arrivée de la saison froide, le retour de l'Aïd et les milliers de gazelles qui vont être lâchées dans les rues, souhaitons-lui beaucoup de courage.