Le gouvernement algérien a été interpellé par des associations cultuelles sur un sentiment très fort de frustration de la base l Il a été, par ailleurs, interpellé par la communauté algérienne au sujet du projet de la grande mosquée de Marseille. Paris De notre bureau Le culte musulman en France est l'objet d'une OPA montée pour faire reculer la prégnance algérienne. Cette manœuvre prend appui sur l'approche du chiffre et du mètre carré en lieu et place d'une représentation en rapport avec le poids réel de la communauté musulmane. C'est le constat fait par le secrétaire d'Etat chargé de la communauté nationale à l'étranger de ses rencontres avec des responsables associatifs cultuels et des personnalités proches de ces questions. Au cœur de la visite en France – du 25 août au 2 septembre 2010 – du secrétaire d'Etat chargé de la communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah, la question du culte musulman. L'essentiel des échanges du membre du gouvernement avec des représentants associatifs, des personnalités et des responsables de mosquées et d'institutions religieuses tant à Marseille qu'à Paris et en île-de-France a porté sur les conditions de pratique, la gestion des lieux de culte algériens, la représentativité de la communauté musulmane algérienne – la plus importante – au sein de la communauté musulmane en France. A la faveur d'une rencontre avec les représentants de médias algériens accrédités en France et communautaires, Halim Benatallah a signifié que le gouvernement algérien a été interpellé par des associations cultuelles sur un sentiment très fort de frustration de la base ; sur la demande d'un rôle accru de la Mosquée de Paris et de son recteur de rayonnement. Intervenant dans les différentes rencontres avec le secrétaire d'Etat, des personnalités et responsables associatifs cultuels ont demandé que des gestionnaires compétents (El Watan du mardi 31 août) soient mis à contribution pour ce faire. La question du culte musulman est une «priorité du moment et non exclusive», a précisé Halim Benatallah, ajoutant qu'il ne peut que recueillir l'écho de la communauté et le rapporter au gouvernement. Il a, par ailleurs, indiqué avoir fait le constat de nombreuses initiatives d'implantation de lieux de culte loin de l'Islam du chiffre comme la pratique se dessine ailleurs, de mosquées qui sont aussi des complexes socioculturels, mis sur le même pied que des arrière-boutiques utilisées comme lieux de prière par d'autres communautés ; une forte augmentation de la fréquentation des mosquées (40 à 50% des fidèles sont des jeunes, toutes catégories socioprofessionnelles confondues ). Il est à rappeler que la représentation des différentes communautés musulmanes nationales de France au sein du Conseil français du culte musulman (CFCM) est fondée sur le nombre de mètres carrés de lieux de prière, chaque mètre carré représentant un certain nombre de pratiquants et de voix électorales. C'est ainsi que des communautés ont ouvert de nombreux espaces de prière non appropriés pour gagner des mètres carrés et donc des voix au CFCM. Démarche qui a fortement pénalisé les Algériens qui n'ont pas recouru à cette stratégie et qui, par conséquent, a réduit leur représentation au sein du CFCM, alors qu'en réalité, ils représentent (de nationalité algérienne exclusive et Franco-Algériens), en nombre, la communauté musulmane la plus importante de France. Leurs représentants souhaitent que le ministère français de l'Intérieur (en charge du culte) procède à une révision des critères de représentation au sein du CFCM pour tenir compte de la réelle représentation des différentes communautés. Le renouvellement de cette institution intervient l'année prochaine. Un défi à relever «Il est apparu une urgence autant qu'une nécessité d'un rapprochement entre la base et les représentants institutionnels du culte. Une exigence de se rassembler autour de la Mosquée de Paris dont il a été constaté le rôle central et incontournable. Une forte volonté de la communauté algérienne de se mobiliser, de resserrer les rangs pour faire face à ce défi de l'Islam du mètre carré», a souligné Halim Benatallah, puis de préciser que pour sa part, il ne peut pas interférer dans le mouvement cultuel français. Le gouvernement algérien a été, par ailleurs, interpellé par la communauté algérienne au sujet du projet de la grande mosquée de Marseille dans l'espoir d'un projet plus consensuel, a indiqué Halim Benatallah. Et de souligner qu'aucune contribution financière du gouvernement algérien à ce projet n'est arrêtée. Cette décision va dans le sens souhaité par la communauté, localement. Néanmoins 160 000 euros avaient été consentis antérieurement pour les études du projet. Halim Benatallah a également fait part de la proposition émise par des associations cultuelles de la création d'un fonds de solidarité pour répondre aux besoins des uns et des autres. Sans aucune contribution de l'Etat. De ses différents contacts, Halim Benatallah a aussi noté qu'«il y a à l'évidence une immense demande d'algérianité et d'identification identitaire, une tendance de fond corroborée par des statistiques». Les immatriculations nouvelles dans les consulats, a-t-il indiqué, sont essentiellement le fait de binationaux. «Dans certaines circonscriptions, la proportion des binationaux avoisine 50%, ce qui est de nature à modifier l'ancienne approche qui tablait sur le retour de la communauté au pays d'origine.» «Cette approche est dépassée.» Concernant le conseil consultatif de la communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah affirme qu'il reste une priorité, qu'il se fera avec la participation active de la communauté. Mais c'est une «opération complexe» dont la mise en œuvre requiert un «minimum de consensus» et «une formule réaliste qui se rapproche de la meilleure représentativité possible». Interrogé sur la fermeture du Centre culturel algérien en plein mois de Ramadhan, privant les nationaux de soirées festives, le secrétaire d'Etat a répondu qu'il en a fait le constat et que «cela va être signalé». Et sur l'absence des députés de la région Nord (le député du RCD, Rafik Hassani, nous a transmis un communiqué dans lequel il s'interroge sur cette omission), «il ne me viendrait même pas à l'esprit d'exclure qui que ce soit, je me suis appuyé sur les consulats pour les invitations de personnalités. Dans le sud de la France, ils étaient présents».