Entre jeûner chez soi et partir en vacances loin de ses bases en plein Ramadhan pour profiter des offres alléchantes que proposent les agences de voyages, une grosse majorité d'Algériens semble avoir tranché en s'abstenant de voyager, sauf s'il faut aller effectuer une précieuse Omra pendant ce mois saint. Pour preuve, une affluence considérable a été enregistrée auprès des différentes agences de voyages avec comme seule destination, les Lieux saints de l'Islam, et ce, bien avant le début du mois sacré du jeûne. Etant donné qu'une Omra durant le Ramadhan est plus récompensée par le Tout-Puissant relativement aux autres mois de l'année, la demande a enregistré un pic sans précédent, au grand bonheur des agences de voyages qui n'ont pas manqué d'anticiper cet afflux par de larges campagnes publicitaires destinées à attirer le plus grand nombre possible de citoyens intéressés. Les tarifs proposés oscillaient entre 140 000 DA et 170 000 DA pour les deux premières semaines pour atteindre 180 000 DA pour les dix derniers jours du Ramadhan, cette dernière période étant considérée comme idéale pour l'accomplissement de ce rite. En 2009, ils variaient entre 120 000 DA et 140 000 DA, sachant qu'ils ne dépassent pas les 70 000 DA hors Ramadhan. Ces tarifs sont tributaires de la qualité et des coûts des prestations des hôtels à la Mecque et à Médine, de leur capacité d'accueil, de la facilité de la circulation des personnes et de la proximité des Lieux saints. La flambée des prix enregistrée cette année est essentiellement due aux travaux d'extension opérés au sein de la mosquée de la Mecque, provoquant ainsi une importante hausse des tarifs de réservation des chambres d'hôtel et des appartements, notamment ceux proches de la mosquée, soulignent les gérants d'agences de voyages. Preuve d'une forte demande, quelques citoyens approchés par l'APS dans certaines agences d'Alger regrettaient l'impossibilité d'obtenir des visas d'entrée «spécial Omra-Ramadhan», le quota algérien de 50 000 places ayant été épuisé bien avant le début du mois béni, sous l'effet d'un afflux exceptionnel de postulants. Ils affirment et dénoncent par ailleurs le fait que, selon eux, des commerçants en quête de bonnes affaires pour l'Aïd El Fitr parviennent à être du voyage aux dépens des vrais fidèles. C'est ce qui expliquerait, à leur avis, ce degré d'affluence malgré la cherté des prestations. Interrogé par L'APS au niveau d'une agence de voyages à Kouba, Mohamed, père de famille, a affirmé ne pas pouvoir, cette année, emmener tous les membres de sa famille (sa femme et ses deux enfants), à la Omra, durant les dix derniers jours du Ramadhan, car ayant difficilement obtenu trois places seulement au niveau de cette agence, soulignant qu'il est toujours en quête d'une place pour pouvoir réaliser son rêve d'accomplir la Omra avec l'ensemble de sa famille. Facilités de paiement Désireux d'accomplir ce rite religieux en compagnie de son épouse et de sa fille, Belkacem aura buté sur la même sentence dans les dizaines d'agences qu'il dit avoir visitées : «Toutes les places sont réservées», mais ne perd pas espoir et souhaite bien mieux, soit un hadj dès cette année. Pour leur part, de nombreuses agences ont proposé, cette année, des offres de Omra par facilités de paiement en vertu desquelles les personnes intéressées devront s'acquitter d'une avance et payer le solde restant sur une période d'un an. Malgré son attractivité, cette offre n'a pas suscité l'engouement escompté, les postulants craignant que cette formule renferme des «intérêts usuraires» susceptibles de frapper la Omra de nullité, à en croire le directeur d'une agence. Il a, dans ce contexte, assuré que de nombreux oulémas avaient pourtant autorisé cette opération et que certains d'entre eux avaient même fixé des règles et des limites pour éviter l'usure. En clair, cette formule ne comprend pas le paiement d'intérêts puisque le montant payé à tempérament est le même en cas de règlement de la totalité de la somme due, a-t-il affirmé. Le prix d'une Omra, fixé à 140 000 DA pour la première moitié du Ramadhan, couvre les frais de visa d'entrée, le billet d'avion, le séjour en hôtel 4 étoiles à proximité des mosquées de la Mecque ou de Médine, la présence d'une équipe médicale et de guides religieux et l'organisation de visites touristiques. La personne désirant effectuer la Omra selon cette formule verse à l'agence une avance de 70 000 DA, la somme restante est payée sur une période de 12 mois (jusqu'à 6000 DA/mois). Par contre, pour la Omra organisée durant les dix derniers jours du mois, période de forte demande et donc de renchérissement des frais de séjour, le pèlerin doit s'acquitter d'une avance plus importante (90 000 DA au lieu de 60 000) et régler la somme restante sur une année à raison de 6000 DA/mois. Les inscriptions pour cette formule ont débuté en janvier 2010 et plus aucune place n'était disponible deux mois avant le début du mois de Ramadhan, le 11 août, a-t-il précisé. Hors tourisme religieux, les agences de voyages ont également pensé, cette année, à ceux qui ont pris l'habitude d'opter pour le farniente et des vacances à l'étranger, en leur proposant des offres spécial Ramadhan, alliant détente et spiritualité. Outre la plage et les visites touristiques habituellement proposées pendant les vacances estivales, ces offres prévoient également les repas de l'Iftar et du S'hor dans des restaurants de luxe, l'aménagement de lieux de prière dans les hôtels pour les Tarawih (prières surérogatoires) et l'organisation de soirées récréatives traditionnelles, a précisé un responsable d'une agence de voyages à Birkhadem. Cette offre, a-t-il affirmé, a connu un certain engouement des Algériens depuis son lancement. Certaines familles ont, en effet, tenté l'aventure de passer le Ramadhan à l'étranger pour tenter de rompre avec la routine, a-t-il ajouté. «Nous sommes optimistes quant à l'élargissement de ces offres à l'avenir», a-t-il souligné.