Sincèrement, je ne m'attendais pas à un tel engouement du public skikdi. Il est vrai que j'appréhendais sa réaction vu que le répertoire proposé pour cette soirée ne verse pas dans le moderne et reste intimement ancré dans le folklore irakien et libanais. Mais laissez-moi vous dire que je suis ravie par l'accueil et aussi par les marques de sympathie signifiées à mon pays par le direction du théâtre de Skikda et surtout par ce merveilleux public». C'est par ces mots que Sahar Taha a tenu à résumer les deux heures de spectacle qu'elle a donné au Théâtre régional de Skikda. Venue en Algérie à l'invitation de l'ONCI, l'artiste irakienne a suscité la grande curiosité des soirées ramadhanesques proposées par le Théâtre régional. Accompagnée par un orchestre féminin, les «Achtarout», Sahar laissa pourtant apparaître un grand trac à l'ouverture du rideau. Un trac qui se répercuta directement sur ses portées vocales et on croyait même ouïr une certaine gêne parmi le public qui se montra très patient en encourageant son invitée par des salves d'applaudissements. Puis, gagnant en confiance, Sahar donna alors libre cours à des mélodies populaires. Rassurée et sentant certainement qu'elle avait affaire à un public venu aussi pour soutenir l'Irak, l'artiste entrecoupa ses chants par des préludes explicatives pour mieux intéresser son public. C'est en entamant sa chanson phare Ya Tair Rayah Lebladi (Ô oiseau allant vers mon pays) que Sahar, sous l'émotion, laissa verser quelques larmes. Le public le lui rend bien en la portant par des ovations. Crescendo, l'artiste se fait plus présente et plus captivante en emballant la salle avec des Tchobi, la Debka irakienne. Le spectacle se verra ponctué, près de deux heures durant, par des chants populaires essentiellement des Makames de Nazim El Ghazali et Mohamed El Kobbanji où le texte reste l'essentiel de l'ossature lyrique. La clôture sera cependant algérienne. La troupe interpréta remarquablement Yahiaou ouled Bladi de Deriassa, en signe d'hommage à la culture nationale. L'artiste, qui est aussi une consœur puisqu'elle est également journaliste critique au journal libanais El Moustakqbel devra donner deux autres spectacles à la salle El Mougar et à Médéa.