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Alain Corneau : «Il arrivera un moment où l'on pourra enfin parler de l'histoire coloniale…»
Cinema
Publié dans El Watan le 05 - 09 - 2010

L'auteur de films comme Police Python 357, Le choix des armes, ou encore Fort Saganne, le célèbre cinéaste français Alain Corneau, décédé il y a une semaine des suites d'un cancer, à l'âge de 67ans, nous l'avions rencontré en janvier 2008, à Paris, alors en promotion pour son nouveau film Le Deuxième souffle.
L'auteur de films comme Police Python 357, Le choix des armes, ou encore Fort Saganne, le célèbre cinéaste français Alain Corneau, décédé il y a une semaine des suites d'un cancer, à l'âge de 67ans, nous l'avions rencontré en janvier 2008, à Paris, alors en promotion pour son nouveau film Le Deuxième souffle. Mais, après un concours de circonstances, l'interview était restée dans les tiroirs. Nous la passons à titre posthume et en guise d'hommage au rire et sourire communicatif.
Entretien réalisé à Paris (France)
En janvier 2008
-Votre nouveau film, c'est un retour au cinéma de «genre»…
Oui, bien sûr ! C'est un retour au genre. C'est plutôt un hommage à l'auteur du livre, José Giovanni dont toute la vie a été un calvaire. Voilà un homme qui a été condamné à mort, très jeune. C'est la triste histoire du plus jeune condamné à mort de France. On en rit maintenant (rires). Heureusement qu'il n'a pas été exécuté. C'était une erreur de jeunesse comme il aime le dire. C'est vrai qu'une partie du film repose là-dessus. C'est-à-dire ces questionnements : Que suis-je devenu ? Suis-je encore celui que j'étais avant ? Ai-je encore la force, la noblesse, la dignité... ? C'est vrai que c'est une des grandes questions que se pose le personnage dans le film. C'est aussi une question qu'on se pose à un moment de sa vie. Il ne faut pas être gangster pour se poser cette question-là.

-Un remake, quarante ans après…Un nouveau souffle…
Quarante ans après… Les livres de Melville, (Jean-Pierre) et José ( Giovanni) ont été très formateurs pour moi. Mais c'était avant que je commence à faire le film. Quand moi, j'ai commencé à faire des films, les films policiers, on ne voulait plus faire ce genre de films. On ne voulait plus aller à Pigalle, Marseille, etc…On allait dans la banlieue. Les films de Depardieu, Dewaere…C'est cela qui les intéressait. Avec le temps, le film policier a changé. Et puis, à un moment, j'ai eu très envie de faire ce film. Parce que je trouve qu'il est absolument formidable. Et puis, qu'il y a encore des choses à dire. A partir d'un très grand texte. Et puis bon ben, quarante ans après, est-ce que tu auras le courage de refaire un vrai film de gangster ?

-Quelle est la différence avec la première version du film de Jean-Pierre Melville ?
La différence se situe, d'abord, sur la façon de filmer. C'est un film qui est fait aujourd'hui, donc filmé d'une manière différente avec les acteurs d'aujourd'hui. Il y a une grosse différence entre Ventura (Lino) et Auteuil (Daniel). Ni mieux, ni moins bien. La différence, Ventura (Lino) était un costaud très sûr de lui, Auteuil (Daniel) est plus fragile, il se pose des questions et doute de lui-même. Moi, je suis revenu au livre d'une manière un peu plus forte. C'est-à-dire que les personnages sont un peu différents que ceux de José Giovanni, principalement féminins, très sacrifiés. Voilà ! Mais j'ai voulu être très fidèle au livre, quoi !

-Vous vous inscrivez dans la tendance, revival du polar…
Oui ! Je pense que l'une des grandes choses que j'aime dans le cinéma de genre, c'est qu'il est collectif. En fait, on ne fait pas tous le même film. Mais nous apportons chacun sa pierre au même édifice. Quand on fait un film noir, ce n'est pas pour en faire un chef d'œuvre mais pour faire partie de cette aventure. Puis, les films se succèdent. Mais, aujourd'hui, c'est un peu compliqué. Le cinéma noir français, depuis une quinzaine ou vingtaine d'années, produit moins de films qu'avant. Il y a moins de volume de films, c'est plus réduit. Donc, c'est plus compliqué de trouver la bonne solution.

-C'est de la nostalgie, peut-être…
Oui ! Absolument ! On peut dire cela comme ça. Il y a une sorte de nostalgie de retrouver une ambiance, le monde d'avant. De retrouver les grands codes de conduite qui ne sont pas forcément qu'on voit dans le film. Même moi ! Ce qui a changé, c'est l'apparition de la drogue, les dealers...Et puis, tout explose. Il n'est plus question de parole donnée, de code de la vie…Et puis, évidemment, cela ne marche plus. Donc, il y a un moment où l'on fait des films réalistes sur la drogue, et un autre où l'on se dit que peut-être que l'on a envie d'autre chose. Peut-être une envie de retrouver des mythologies, les grands personnages.

-Le polar est un film de «gueules»
Oui ! Cela fait partie du jeu. Vous savez, les acteurs, les grands comédiens, il suffit qu'ils jouent dans un film de genre, habillés comme il faut, les chapeaux…Et d'un coup, la «gueule» arrive. Ce n'est pas comme les films naturalistes où les gens sont comme ils sont. Quand on fait un film noir, un film policier ou gangster, le rôle est une attitude. Ce qui fait que les «gueules» marquent beaucoup plus. Les acteurs sont très bons là-dessus.

-Quelle est la différence avec le film Le Choix des armes ?
Le Choix des armes était un peu différent. Parce que l'un des personnages était un gangster d'avant, à la retraite (Yves Montand). Par contre, le personnage qui «tuait» tout le monde, Gérard Depardieu, c'était un voyou de banlieue, qui venait des cités (rires). Dans nos films policiers des années 1975 et 1980, on a parlé de ce qui se passait dans les cités, en fait. Il suffit de voir les films policiers, et puis vous avez un véritable documentaire de ce qui vient de se passer 40 ans après. La différence, c'est que ce film est hors du temps, beaucoup plus intemporel, jouant uniquement sur une mécanique de destins. La tragédie. Donc, c'est un petit peu différent.

-Comment êtes-vous avec vos acteurs sur le set de tournage ?
Moi, je dis toujours : le plus important c'est le choix (des acteurs). On peut proposer un acteur. Il faut mûrement réfléchir. Et ne pas se tromper sur le choix. Et quand le choix est fait, c'est 90% du travail qui sont accomplis. Après, ce qui reste à faire, c'est adorer le choix que vous avez fait et adorer les comédiens. Quand ils ont envie de discuter à l'issue d'un problème sur le plateau, vous êtes sûr qu'ils vont y arriver et désamorcer la «crise». Si vous doutez d'eux, alors c'est pas compliqué (rires).

-Vous avez dirigé Patrick Dewaere, une référence du cinéma français…
Bien sûr que Patrick Dewaere est une référence. C'est l'un des plus grands comédiens avec qui j'ai travaillé. Patrick (Dewaere) était quelqu'un d'extraordinairement professionnel, très précis et qui avait besoin d'une attention complète. Une admiration même. Il ne s'en cachait pas. Bien sûr, c'est un comédien qui prenait des risques dans son jeu d'acteur et qui était absolument merveilleux. Alors, ce qui est très troublant aujourd'hui, c'est de voir beaucoup de jeunes, effectivement, se référer à Patrick Dewaere. Et c'est vrai que le jeu d'acteur de Patrick Dewaere est particulièrement nouveau, neuf et qui n'a pas pris une ride. Et quand vous regardez Coup de tête, il est toujours extraordinaire. C'est un acteur absolument prodigieux.

-Un jeu «anachronique», charismatique et actuel…
Absolument, comme vous l'avez dit. Il y a un autre acteur aux Etats-Unis qui ressemble à ça, c'est James Cagney. Il a fait beaucoup de films de gangsters. Il a réussi un jeu extraordinairement moderne par rapport à d'autres, à l'époque, qui a vieilli un petit peu. Un jeu puisé purement de son énergie. Il ne cherchait pas à faire du charme. Ils sont tellement justes, tellement vrais (James Cagney, Patrick Dewaere..) qu'ils sont éternels. Je crois que Patrick Dewaere fait partie de ces gens-là.

-Connaissez-vous le cinéma algérien ?
Ben si ! Malheureusement, un petit peu mais pas assez. Vous savez, je dirais que j'ose espérer qu'il va y avoir enfin un métissage entre le cinéma français et maghrébin en général, tunisien, algérien et marocain. Mais algérien encore plus parce qu'on est plus proche, bien sûr. Attendons, c'est en train de se faire.(rires)

-Si on vous proposait un scénario de film pour le tourner en Algérie…
Oui, avec grand plaisir. Je pense qu'il arrivera un moment où l'on pourra enfin parler. Peut-être pas tout de suite. Il faudra peut-être attendre des générations. On pourra enfin parler de l'extraordinaire histoire. Négative, violente, etc. L'histoire coloniale, c'était colonial. Il faut en parler de cette colonie de peuplement. Parce que ce n'était pas le cas ni au Maroc ni en Tunisie. C'est très différent.

-Vous avez une manie, un tic, un toc quand vous tournez…
Non ! (rires). Ma manie est simplement de vouloir aller vite. J'aime bien tourner vite. Je n'aime pas m'attarder sur les plans. Il faut que cela se passe très vite. Alors, à chaque fois, je dis : c'est bon ! On passe à une autre prise ! (rires). On passe là, là…J'aime quand c'est rapide. Sinon, c'est lourd le cinéma-action.

-Vous avez un film «dans la tête»…
Pas encore. Je fais partie des handicapés de la tête. C'est-à-dire je fais un film et puis après on verra. Donc, je ne fais jamais de projets d'avance. C'est pour cela que je ne tourne pas beaucoup. C'est mieux les gens qui ont des projets en avance. Quand leur film sort, ils sont déjà sur un autre. Mais je ne suis pas comme ça. Il n'y a rien à faire !(rires)

-Qu'est-ce qui vous horripile ?
Enormément de choses (rires).Vous savez, je vais vous dire une chose rare. Quelque chose de très important. J'aime beaucoup voyager. J'aime beaucoup le Proche-Orient, le Moyen-Orient, le Sud-Est asiatique, l'Asie du Sud. A mon avis, l'avenir du monde est en partie là-bas. Il se passe des choses incroyables. C'est là où il y a une ligne de fracture plus grande. L'immense communauté musulmane et hindoue, là-bas, est quelque chose d'extrêmement révélateur. C'est une sorte de laboratoire réel. Ce qui me fait peur, ce sont les tensions qui s'exacerbent au lieu de revenir à une véritable compréhension mutuelle. Bon, je ne suis pas le seul à penser comme cela. Et ça, c'est important. Par contre, dans le sens européen, français du terme, une certaine appréhension du monde culturel. Le consumérisme, l'argent partout, uniquement le succès, la réussite, les box-offfices, le «bankable», et tout ça…C'est cela qui est inquiétant. Oui, et ça je le sens toujours très fort. Je sens que l'influence américaine pourrait être extrêmement forte là-dessus. Cela pourrait être dangereux. Il y a une sorte de retour de flamme par rapport à ce qui s'est passé en Russie. Mais je n'ai pas la solution. Je sais qu'il faut être vigilant.

-Qu'est-ce qui vous donne de l'espoir ?
(Rires). La musique en général. La musique est toujours là.

-Quelle musique ?
Toutes les musiques. Comme je voyage beaucoup, quand je ne connais pas le pays, je cherche la musique. Quand j'ai trouvé la musique, j'ai trouvé presque le pays. Je crois qu'il y a des musiques classiques dans le monde entier. J'ai horreur du terme musiques du monde. Je trouve cela très dépressif. Je trouve que les musiques du Maghreb, andalouse, indienne sont classiques au même titre que celles européennes.
Et puis, par contre tout ce qui vient après de moderne par rapport à ces musiques m'intéresse aussi. Donc, je pense à chaque fois qu'il y a un renouveau musical, il y a de l'espoir, voilà !


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