La cité universitaire Ali Mendjeli, située comme son nom l'indique à la nouvelle ville, se distingue des autres résidences universitaires de Constantine par quelques aberrations au niveau de l'aménagement des structures qui la composent et d'un manquement singulier d'espace nécessaire à l'épanouissement des étudiantes. En effet, cette cité d'une capacité théorique de 2000 lits, c'est selon, abrite en réalité 4000 étudiantes, dont 1800 étudient à l'école normale supérieure située au plateau de Mansourah. Ladite résidence est constituée de 13 pavillons, dont certains peuvent contenir entre 50 et 60 chambres, et ce selon le nombre de niveaux, ces derniers sont disposés en forme de U. L'une des aberrations soulevée par les étudiantes rencontrées dans la soirée de samedi est la disposition des sanitaires au niveau même de ces pavillons. Les sanitaires sont dans chaque étage au niveau d'un seul des ces bâtiments, à l'extrémité gauche du pavillon du milieu. Ce qui revient à dire que les résidantes habitant dans l'extrémité droite sont obligées de faire un véritable parcours de bon matin pour se laver, même chose si un besoin urgent se manifeste au beau milieu de la nuit. Ammi Kamel, responsable de sécurité dans cette résidence, ne se limite plus à cette tâche, et tente de veiller au bien-être de celles qu'il considère comme ses propres filles. En fait, c'est quelque part l'ange gardien des résidantes, il nous dira : « J'avoue que je ne sais pas comment on peut réfléchir à construire une pareille aberration. On a été obligé d'aménager tout un système d'évacuation dans les couloirs des pavillons pour que les filles puissent, si l'envie leur vient, de se laver le visage sans perdre une demi-heure en aller et retour pour les sanitaires. » On a été étonné d'ailleurs d'apprendre que les sanitaires en question n'étaient en fait composés que de 12 WC et de 2 grands lavabos pour pratiquement 200 filles par étage. C'est-à-dire 20 filles par WC et 100 par lavabo, chose qui dépasse l'entendement. Cette cité, qui date de deux ans, est entourée d'une clôture trop basse pour garantir la sécurité des résidantes, puisqu'elle reste trop accessible, et des cas d'intrusion ont été signalés par le passé. La sécurité est aussi un volet sur lequel nos interlocutrices se sont longuement attardées, puisqu'il semble qu'une bande de voyous surveille les faits et gestes des résidantes, et n'hésitent pas à les agresser à la première occasion, surtout que l'endroit reste assez isolé. Certaines étudiantes ont été subtilisées de leurs bijoux ou portables à la sortie de la cité par cette même bande, elles seraient (bandes) plusieurs à sévir dans le coin. Nous avons pu constater qu'une patrouille de police faisait de temps un temps une ronde autour de la résidence, et les résidantes ont insisté à dire que c'était un événement assez rare, mais qui les rassurait davantage s'il devenait fréquent et régulier, surtout la nuit. Autre aberration constatée sur les lieux : l'inexistence d'une bibliothèque qui permettrait aux filles d'étudier loin du vacarme de la chambre ; des chambres qui peuvent devenir exiguës, car contenant 4 lits, 4 petites tables pour ne pas dire bureaux, ainsi que deux armoires que les quatre cohabitantes doivent se partager, ce qui est loin d'être commode. La résidence Ali Mendjeli ne dispose par de taxiphone qui aiderait les filles à contacter leur famille sans devoir passer par la ville et trouver des difficultés à revenir à la cité, puisque aucun moyen de transport ne desserve les lieux. La résidence ne dispose d'aucune aire de jeu, mais seulement d'un foyer qui ne paie pas de mine avec comme seul luxe une télé géante. Le transport ne semble plus créer de problème, puisque la résidence dispose de 17 bus, dont 14 desservent le Mansourah pour un trajet de 20 km et surtout une circulation des plus difficile une fois arrivée à Sidi Mabrouk. En ce mois de Ramadhan, les filles s'occupent comme elles le peuvent et le comité s'atèle depuis le début du mois à organiser des concours et certaines activités culturelles. Des concours de culture générale ou de meilleure chambre et même récemment un concours du meilleur plat, chose qui a fait régaler Ammi Kamel principal membre du jury. Les menus proposés lors du f'tour ont été confectionnés par les étudiantes en collaboration avec l'administration, et elles ne s'en plaignent pas trop. Les sorties nocturnes étant exclues, les filles se réunissent la nuit en groupuscules dans la grande cour et discutent de tout et de rien, une façon comme une autre de tuer le temps en l'absence d'une quelconque distraction. Beaucoup de choses restent à faire dans cette cité qui peut aspirer à un avenir meilleur et des conditions de résidence acceptables qui tiendraient comptes des besoins réels des étudiantes.