L'abattoir de Khemis Miliana situé en pleine agglomération est considéré à juste titre le plus important de la wilaya de Aïn Defla où l'on compte 7 autres, dont un pour la volaille. En ce 20e jour de Ramadhan, les manipulateurs de viande, comme on les appelle, ont procédé à l'abattage de 115 ovins, 50 caprins et 5 bovins. D'ordinaire, le nombre n'excède pas 85, c'est dire qu'en ce mois de jeûne la demande est plus forte. A l'abattoir de Khemis Miliana, durant le week-end, les manœuvres s'affairent au milieu de flaques mêlées de sang aux différents actes, soit penchés sur les bêtes dont quelques unes étaient encore par terre. Ces hommes travaillent les mains nues et sans combinaison. Selon nos interlocuteurs, cinq équipes composées de 4 à 5 membres chacune se relayent sous la conduite d'un chef. Ce dernier est en contact direct avec le boucher pour décider du prix par bête abattue, alors que le manipulateur est payé par le chef à raison de 50 DA par tête d'ovin et de caprin, et 500 DA pour les bovins. A signaler que ces manœuvres ne bénéficient d'aucune assurance sachant qu'ils sont exposés à des risques multiples. A ce propos, ACK Khalloufi, technicien supérieur vétérinaire, nous apprendra qu'il y a deux années, les membres de la commission d'hygiène avaient proposé une visite médicale semestrielle pour le personnel en charge de l'abattage, mais rien de concret n'a été entrepris dans ce sens. Ce septuagénaire se souvient encore de son premier jour de travail. C'était en février 1956, précisera-t-il fièrement, ajoutant qu'il ne bénéficiait d'aucune assurance déplorant au passage les conditions de travail. Poursuivant, le vieux bonhomme encore actif affirmera que ses semblables au niveau des abattoirs de Aïn Defla et Miliana perçoivent 100 DA par tête d'ovin ou de caprin. Entouré de mouches à cause de ses habits maculés de sang, notre interlocuteur avait l'air résigné. Sur le plan de l'hygiène, nos sources s'accordent à dire que la situation dans cette vieille structure est à l'image de celle qui prévaut en ce moment dans plusieurs endroits de cette ville et insistent néanmoins sur le caractère vétuste de l'abattoir. Elles confirment le constat établi par la commission de la santé au sein de l'APW rapporté dans un document récent. Le même rapport insiste sur l'ensemble des abattoirs de la wilaya, lesquels ne répondent pas aux normes pour plusieurs raisons. Celui de Khemis Miliana en particulier, sollicité par plusieurs communes de l'Est de la wilaya entre autres Djendel, Oued Chorfa, Bir Ould Khelifa et Tarek Ibn Ziad, incommode par ailleurs les riverains notamment quand l'eau vient à manquer, ajoutent nos sources. Accompagné du technicien supérieur jusqu'à son bureau dont l'aspect laisse à désirer, notre interlocuteur évoque la grève déclenchée récemment par les vétérinaires exerçant dans la fonction publique. Il exhibera sa blouse blanche tâchée de sang en faisant remarquer : « Voyez ! On n'a pas de blouse de rechange et pas de gants ! » Par ailleurs, il ne manquera pas de signaler en réponse à l'une de nos questions qu'un cas de brucellose a été enregistré il y a une semaine. L'abattage a eu lieu sur ordre du service vétérinaire. A ce propos, il ressort également du rapport de la commission de la santé à l'APW que sur 1217 bovins dépistés au cours de cette année, 5 cas de brucellose se sont révélés positifs et 9 cas sur 864 têtes de caprins, pour la même année. La région de Tarek Ibn Ziad (sud-est de Aïn Defla) étant la plus exposée à ce genre de maladies.