Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine à l'approche du mois de Ramadhan, le consommateur algérien s'est habitué depuis quelques années à voir les prix grimper de manière exponentielle sur le marché, principalement ceux des principaux produits de large consommation qui affichent des chiffres exorbitants. Le plus difficile à comprendre, c'est en fait la logique de ces hausses, même si grossistes, intermédiaires et marchands essayent de les justifier par le manque de produits en fin de saison, justification qui ne repose sur aucun fondement quand on sait que, grâce à l'entreposage en chambres froides, on peut constituer des stocks d'apport pour assurer l'approvisionnement du marché pendant le passage à vide de l'entre-saison. Cela sans parler de la culture en serre qui permet des productions hors saison tout au long de l'année. Preuve en est ces paramètres qui, prétendument influant sur le marché, n'ont d'effets qu'en Algérie. En effet, l'Algérie est le seul pays musulman qui souffre de pénuries «préparées» en prévision du mois de Ramadhan que nos commerçants exploitent pour s'enrichir sans aucun scrupule. La règle de l'offre et de la demande est régie par les spéculateurs et personne ne semble contrôler les scandaleuses variations des prix. Les mécanismes de régulation tant promis par les différents responsables tardent à être installés dans le cadre d'une politique nationale visant à sauvegarder le pouvoir d'achat du citoyen et protéger le producteur. Le marché de la viande n'échappe pas à ce chaos «organisé» et connaît, lui aussi, des variations des prix imposées par les marchés de bestiaux. Toutefois, à Aïn Defla, cette wilaya à vocation agropastorale qui produit environ 30 000 quintaux de viande rouge et environ 100 000 quintaux de viande blanche, on observe, ces derniers temps, une stabilisation des prix au niveau des commerçants. Interrogé au sujet de l'augmentation des prix de la viande à l'approche du mois de Ramadhan, un boucher dira que les prix des viandes d'ovins et de bovins sont stationnaires depuis un certain temps. D'après notre interlocuteur, le prix de l'ovin varie entre 600 et 650 DA/kg alors que le bovin est cédé à 700 et 750 DA. Mais le prix de ce dernier risque de grimper dans les prochains jours, ajoute le boucher sans cependant expliquer les raisons de cette probable augmentation. S'agissant du contrôle de la qualité des produits et des prix, il semble que toutes les dispositions sont prises pour lutter contre l'abattage clandestin. De plus, des vétérinaires sont désignés à cet effet et sont mobilisés pour effectuer des contrôles dans les abattoirs réglementés. Cependant, ces contrôles ne sont exercés que dans les grandes villes, quand la DCP est dotée de tous les moyens, humains et matériels, nécessaires pour accomplir ses tâches, ce qui n'est pas toujours le cas. Or, le plus gros de l'abattage clandestin a lieu en dehors des grandes agglomérations, dans les petites localités où il n'y a aucun contrôle, voire en pleine nature. Et la viande de ces abattages se retrouve dans l'assiette du consommateur. Car, non seulement ils approvisionnent certaines boucheries, mais aussi directement le consommateur. Des étals sont dressés sur le bord des routes et proposent cette viande à un prix légèrement moindre que celui affiché dans les boucheries. Il n'en faut pas plus pour le consommateur qui n'est pas toujours regardant à la qualité du produit ou à l'absence de l'estampillage du contrôle vétérinaire.Les petites localités continuent de vivre une anarchie. La viande est vendue dans les marchés hebdomadaires en l'absence de toute hygiène. L'abattage se fait souvent sur place. Le marché de la viande blanche est logé à la même enseigne et continue, lui aussi, à souffrir du manque de contrôle. Comme pour les ovins ou les bovins, l'abattage clandestin englobe les poulets et ça se fait aussi dans les marchés hebdomadaires et ce, en dépit de la présence de certaines unités d'abattage de volaille exerçant selon la réglementation en vigueur. En somme, dans cette wilaya, les prix de la viande rouge et blanche semblent stabilisés, du moins pour cette période. Mais il faut attendre la première semaine du mois de ramadhan qui servira probablement de baromètre pour voir les fluctuations que connaîtra ce produit qui, comme les autres produits de large consommation, a besoin d'un dispositif de régulation, que le ministère de l'Agriculture a aussi promis de mettre en place et qu'on attend toujours.