Le mois de Ramadhan, on le veut onéreux et mouvementé à Souk-Ahras. Le marché informel supplante les magasins des artères commerçantes et l'affluence ininterrompue des clients plaide en faveur de la prolifération des étals de fortune. Ces derniers qui ont littéralement squatté les trottoirs, s'emparent encore de la chaussée et des places publiques. Des ballots de fripes aux chaussures de fabrication chinoise, en passant par les jouets et autres gadgets destinés aux enfants, les produits consommables et l'électroménager, on garde, après une virée de quelques minutes, cette appréhension de voir ces adolescents et ces enfants enrôlés dans le circuit par des adultes et qui n'ont pas encore atteint l'âge de quitter l'école, grandir dans un climat fait de course effrénée pour le lucre et de comportements fourbes dictés par la précarité de l'activité qu'ils exercent sous les bons auspices des personnes opulentes et bien introduites qui gèrent le marché. C'est parfois à partir de ces endroits d'encombrement et de promiscuité que l'on commence à dériver vers les petits larcins et les agressions à l'arme blanche. Les petites et moyennes bourses déjà laminées par les dépenses de la première semaine du mois sacré s'efforcent de dissuader les mauvaises langues par des achats tous azimuts en prévision de l'Aïd. Vêtements neufs pour toute la famille, ingrédients de baklawa et autres gâteaux traditionnels sont souvent acquis au prix d'un objet vendu ou couvert par un argent emprunté. Des sorties nocturnes, on gardera les souvenirs des soirées hautement sécurisées, organisées au profit des familles souk-ahrassiennes par la direction de la culture au niveau complexe omnisports Badji Mokhtar, où Chaba Zahouania a fait vibrer plus de 7000 spectateurs. Des agressions et vols par effraction perpétrés au grand jour, on citera celui d'un cabinet médical situé en plein centre-ville et six autres vols avec menace à l'arme blanche commis par une bande organisée qui sévit encore au niveau de Ibn Badis et Victor Hugo. Le phénomène des batailles rangées a, quant à lui, atteint des proportions inquiétantes dans la mesure où des expéditions punitives sont organisées sans vergogne par des groupes de marginaux, devenus détenteurs d'une véritable force de persuasion à Souk-Ahras. Pour le vol d'une motocyclette, un jeune homme a été brûlé vif par ces malfrats qui ont pris le «soin» d'asperger son corps d'essence. Le mois de jeûne aura été, aussi, celui des grandes affaires pour certains cercles recycleurs de la manne pétrolière et des fonds des contribuables sous forme d'aides aux nécessiteux par entités interposées. Inutile de s'apesantir, dans ce contexte, sur les détournements des couffins du Ramadhan des années 2008 et 2009, restés impunis à ce jour, et l'anarchie qui a prévalu cette année lors de leur distribution.