La chaîne publique Public Sénat donne le ton d'un mois de septembre largement marqué par la présence de l'Algérie sur les écrans et dans le monde de l'édition. Lyon / De notre bureau C'est le retour de l'Algérie», indique le communiqué de presse de la chaîne Public Sénat, pour annoncer le rendez-vous de Jean-Pierre Elkabbach à la Bibliothèque Médicis sur le thème «Algérie, ma douleur, mon espérance». Quelle douleur ? Quelle espérance ? On dirait un titre écrit au lendemain de 1962. En réalité, le rédacteur se place bien aujourd'hui en estimant qu'«en fait, elle n'a jamais quitté la mémoire, la conscience et l'interrogation des Français». Ce nouveau talk-show télévisé, qui en annonce tellement d'autres, ne vise, en fait, qu'à être présent à l'occasion de la sortie de deux films qui marquent la rentrée cinématographique, Des hommes et des dieux et Hors-la-loi. Le premier est déjà sur les écrans depuis le mercredi 8 septembre, avec un déluge de commentaires favorables dans l'ensemble des journaux. Même le quotidien Les Echos y est allé de son superlatif pour encenser le travail du réalisateur Xavier Beauvois, et rendre un énième hommage aux moines de Tibhirine. Rien d'étonnant que ce film ait réalisé une des meilleures sorties en France et qu'il est promis à une belle carrière. Le deuxième est celui de Bouchareb, qui avait suscité, en mai dernier, à Cannes, une des plus violentes polémiques que la Croisette ait jamais connues. De l'Algérie, dit Public Sénat, il est «tellement difficile d'en parler sans passion. Essayons !». A propos des deux films, «ce qu'ils racontent peut encore irriter : la blessure demeure et pourtant les deux en appellent au souvenir de souffrances partagées et à l'espérance de relations plus humaines entre les Etats, entre les êtres, entre les mémoires». Il ne manque que les violons pour faire couler une chaude larme, siffler le match nul entre deux pays qui se seraient battus à armes égales ? Quelle erreur cela serait ! Mais, il ne faudra pas de toute façon gâcher le plaisir d'être devant le petit écran pour voir le débat, animé par un journaliste débatteur, mais aussi partie prenante par son origine française d'Algérie, Jean-Pierre Elkabbach. Autour de lui seront présents un prêtre, Jean-Marie Lassausse, Jean-Luc Barré, écrivain, historien, le Tunisien Tarak Ben Ammar, co-producteur du film Hors-la-loi (sans Rachid Bouchareb ?), Séverine Labat, chercheure au CNRS (elle est l'auteure de nombreux travaux sur l'Algérie contemporaine et particulièrement sur les années noires), et Jérôme Ferrari, écrivain, auteur de Où j'ai laissé mon âme, publié aux éditions Actes Sud, maison qui a aussi publié cette année un autre roman qui ramène à la guerre d'Algérie, Passé sous silence de Alice Fernay. Un autre livre ayant trait à cette période est paru ce septembre aux éditions Gallimard. Salaam la France, qui a la particularité, par rapport aux ouvrages précédemment cités, d'avoir l'âge de ceux qui ont été envoyés dans la tourmente algérienne. Bernard du Boucheron met en scène un jeune médecin qui débarque en Algérie en janvier 1954. Il y découvre ce que la plupart des colons refusent de voir : l'Algérie est bouillante de haines prêtes à éclater. Ne serait-ce donc pas par là que tout commentaire sur l'Algérie devrait commencer ?…