L'Institut de recherche et d'études Méditerranée-Moyen-Orient (IReMMO) propose depuis le mois de mai une série de conférences sur le bouleversement du monde arabe. Le 24 juin, l'universitaire Séverine Labat viendra défricher la question algérienne sous le titre : «Pourquoi l'Algérie est-elle restée aux portes du printemps arabe ?» Lyon De notre correspondant Le monde arabe éclate de toutes parts depuis janvier dernier. C'est ce qu'en Occident on se gargarise à nommer «le printemps arabe». L'Algérie, en apparence, ne suit pas. Pourtant, quelques émeutes violentes ont été suivies par quelques velléités de manifestations. Les appels à la protestation n'ont cependant jamais connu grande fréquentation, hormis pour les policiers déployés en nombre sur les places algéroises. Alors, la question est souvent posée : «Pourquoi l'Algérie est-elle restée aux portes du printemps arabe ?». Mais d'abord, est-ce bien sous cet angle là qu'il faut poser la thématique ? L'universitaire Séverine Labat* nous invitera à trouver des réponses lors d'une conférence-débat, vendredi 24 juin, de 18 à 22 h, à l'Institut de recherche et d'études Méditerranée-Moyen-Orient (IReMMO) : «A l'heure où sa voisine tunisienne, après la fuite peu reluisante de son despote, se débat dans les affres d'une transition démocratique encore balbutiante, où son éternel adversaire marocain s'essaie timidement à une révolution copernicienne consistant à transformer une monarchie de droit divin en monarchie constitutionnelle, et où l'Egypte du désormais déchu Moubarak semble s'enliser malgré les promesses que nous laissaient entrevoir les slogans de la Place El Tahrir, l'Algérie semble être l'oubliée desdites révolutions arabes», estime-t-elle. Chercheure au CRNS et observatrice privilégiée des événements qui se déroulent parfois avec l'instantanéité de l'urgence, grâce aux nouveaux canaux de la télévision mondiale ou de l'Internet, Séverine Labat se demande «comment expliquer que la pendule de l'histoire se soit arrêtée aux portes d'une Algérie à l'histoire révolutionnaire jadis pourtant exemplaire ?» C'est bien d'ailleurs ce qui surprend le plus ceux qui regardent l'Algérie de l'extérieur, ce qui n'est pas le cas de Séverine Labat qui, depuis les années 1990, suit de très près ce qui se passe en Algérie et qui a donné deux livres majeurs Les islamistes, entre les urnes et le maquis (Le Seuil 1995), et récemment, le très judicieux La France réinventée, les nouveaux binationaux franco-algériens (Editions Publisud 2011). Ayant réalisé une quête quotidienne d'informations ces derniers mois sur ce qui se passe en Algérie, Séverine Labat livrera son analyse qui sera confrontée au débat. * IReMMO 5, rue Basse des Carmes, 75005 Paris