Les habitants de plusieurs quartiers vivent dans un véritable climat de guerre. A deux semaines du vol spectaculaire perpétré dans un cabinet médical, en plein jour, par des malfrats non encore identifiés, l'immeuble n°2 de la rue Benlaboudi qui abrite plusieurs locaux de professions libérales, a fait l'objet, samedi dernier, d'une entrée par effraction ayant permis la visite d'une agence immobilière et d'un cabinet d'avocat. Une enquête a été ouverte par les services de sécurité. Selon les premiers renseignements recueillis sur les lieux, les malfaiteurs feraient partie d'un groupe de jeunes délinquants connu de tous qui sévit, de jour comme de nuit, en imposant la loi de l'omerta aux témoins oculaires. Ces derniers, composés essentiellement de commerçants, refusent de dénoncer les auteurs sous peine de subir des représailles. Gravissime est cette nouvelle culture de l'individualisme extrême qui s'incruste au fil des jours dans les mœurs des citoyens. Le nombre de maisons qui ont connu des visites nocturnes pendant les deux dernières semaines dépasse l'entendement et le sang froid dont font preuve ces voleurs n'augure pas de meilleurs jours pour les citoyens de Souk Ahras. À la cité Chaâbani, trois forfaits ont été signalés en 48 heures pendant le mois de Ramadhan. Dans celle de Djenenne Teffeh, il est recensé une moyenne de trois vols par mois. À Rebbahi et Baoulou, la situation n'est pas plus reluisante et les familles qui y habitent adoptent depuis des années des réflexes de guerre en se dotant de portes et fenêtres fortifiées, chiens de garde, dispositifs d'alarme sophistiqués, gardiens… Bref, tous les signes apparents d'une panique permanente. Les efforts déployés dans la lutte contre le phénomène sont loin de produire les effets escomptés à cause de plusieurs facteurs, dont la démission parentale et la clochardisation des écoles. Souk Ahras est aussi une wilaya où le taux d'agressions à l'arme blanche nous donne l'impression de vivre une page sortie d'un livre d'histoire où le recours au sabre n'était pas prohibé. Des adolescents qui exhibent un cran d'arrêt, une hache ou tout autre objet tranchant est une scène devenue coutumière et n'inquiète, outre mesure, ni parents ni responsables. La mode ces derniers temps est au racket. Des marginaux et autres repris de justice, autoproclamés «protecteurs» des commerces et des étals de fortune, imposent une dîme pour toute activité exercée. Le groupe, dirigé souvent par son doyen, commence par proposer ses services aux gens d'un quartier pour étendre, ensuite, son influence aux autres cités où il aura à recruter d'autres jeunes. Les batailles rangées qui éclatent çà et là sont généralement le résultat d'un clash entre deux groupes rivaux se disputant de nouvelles zones d'influence ou la conséquence d'un châtiment infligé à un mauvais payeur, qui, dans ce monde de violence et de non-droit, est balafré par le plus jeune du groupe.