Plus de un million de personnes travaillent au noir, représentant 35% de l'activité commerciale, touchant 700 marchés illégaux, selon le Conseil économique et social (CNES). Cela illustre bien l'ampleur du marché parallèle qui gangrène sérieusement chaque année davantage l'économie algérienne. Il y a une année, le ministère du Commerce et le Forum des chefs d'entreprises avaient estimé à environ 75 le nombre de zones commerciales informelles. Des zones de non-droit qui s'approvisionnent de l'étranger dans des conditions souvent opaques et qui alimentent les commerces à la sauvette qui prolifèrent dans les quartiers des grandes villes du pays. Dans certaines wilayas, l'informel a tellement pris de l'ampleur ces derniers temps que les trabendistes sont supérieurs aux commerçants légaux recensés par les autorités locales. Les produits contrefaits déclassés et hors normes constituent l'essentiel des marchandises proposées à la vente à des prix auxquels ne peuvent rivaliser ni les produits fabriqués localement, encore moins ceux importés dans le strict respect de la législation. Selon le CNES, le secteur informel couvre pratiquement tous les domaines d'activités productives et de marchands en Algérie. Outre le commerce, les activités touchées par le fléau de l'informel sont, selon le CNES, « le secteur des fruits et légumes, l'habillement, les prestations de services, l'artisanat, le transport des voyageurs et des marchandises ainsi que des entreprises de production ». Parmi les pratiques illégales les plus courantes dans le secteur informel, le CNES avait cité également « les ventes sans factures, les fausses factures et la location du registre de commerce ». Durant la même période, l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) avait fait état de « 850 000 commerçants exerçant dans l'informel ainsi que 1500 marchés hebdomadaires illégaux ». Le marché parallèle s'est appuyé, selon la Banque mondiale, sur une véritable société parallèle où activent des centaines de milliers d'opérateurs offrant environ un million d'emplois. Le rapport du CNES de 2003 avait révélé que « l'emploi informel se situe à plus de 1,249 million de personnes (équivalant aux emplois du secteur agricole), soit 17,2% de l'emploi total ou 21,9% de l'emploi hors hydrocarbures ». L'évasion fiscale recensée à travers la multiplication du travail au noir porte un grand coup à l'économie algérienne. Beaucoup de commerçants n'ont pas de domiciliation fixe, échappant ainsi aux impôts. On estime un manque à gagner fiscal pour l'Etat de plus de 60 milliards de dinars par an. Lors d'une tournée d'inspection dans la banlieue d'Alger, le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, avait déclaré qu'« il est temps de s'occuper sérieusement du marché dans toutes ses dimensions ». « L'Etat va sévir », avait-il menacé. De son avis, « il ne faudrait pas combattre le marché informel, mais il faut le prendre en charge ». Dans ce cadre, Alger a déjà bénéficié dans le cadre du remplacement progressif des marchés illicites de 31 marchés. Pas moins de 96 marchés informels ont été recensés au niveau de la capitale du pays.