Dans la perspective de son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), l'Algérie doit impérativement faire face à l'exigence de la normalisation de son appareil économique en s'attelant notamment à la lutte contre l'activité informelle. Alors que le processus d'accession à l'OMC entame, pour ainsi dire, sa dernière ligne droite, les instances en charge de la chose économique sont instamment interpellées sur l'impératif de la lutte contre l'économie souterraine. De l'aveu même du ministre du commerce, Nourredine Boukrouh, le temps est compté pour l'Algérie, afin de mener en urgence la lutte contre les phénomènes du marché informel et de la contrefaçon. Il y va, selon le propos du ministre, de la nécessité de répondre aux exigences de garanties, formulées en ce domaine précis, à la fois par les pays membres de l'Organisation mondiale du Commerce et par les partenaires européens. Ce faisant, avait-il annoncé à l'issue du dernier round des négociations pour l'adhésion à l'OMC, « un plan de lutte contre l'économie informelle a été adopté par le gouvernement et devra être mis en place dans les deux ou trois années à venir ». Outre le renforcement des moyens logistiques des organes de contrôle et de régulation économique, avait-il précisé, ce plan, dont la finalité est de parvenir à juguler les pratiques frauduleuses, prévoit, entre autres mesures, un redéploiement du Centre algérien de contrôle et la création d'un centre de formation en vue d'améliorer l'intervention et le rôle des contrôleurs. Reste qu'au-delà des exigences d'une mise en adéquation du cadre législatif, de façon à se conformer aux conditions de l'intégration du système de commerce mondial, la lutte contre l'informel constitue un écueil autrement plus préoccupant en cela qu'il engage le devenir même de l'économie nationale. Comme le fait ressortir le dernier rapport du Conseil national économique et social (CNES), « le secteur informel couvre, en Algérie, pratiquement tous les domaines d'activités productives et de service marchands ». Si l'on s'en tient aux évaluations officielles, les circuits souterrains représentent en effet quelque 40% de l'activité commerciale. Selon le rapport du CNES, « le recensement des marchés et intervenants informels à l'échelle nationale, engagé dès 2002, a permis de dénombrer 700 marchés illégaux d'une superficie estimée à 2,7 millions de mètres cubes et au sein desquels activent près de 100 000 personnes, soit l'équivalent de 14% des commerçants inscrits au registre du commerce ». Un phénomène difficile à mesurer Tout en mettant en évidence l'absence de données statistiques fiables et précises pour évaluer la part du marché informel dans l'économie nationale, le CNES révèle cependant que « les activités les plus touchées par ce fléau sont le commerce (gros et détail), le secteur des fruits et légumes, le secteur de l'habillement et celui des prestations de service ». Egalement affectés par le fléau des activités illégales, selon la même source, « le secteur de l'artisanat, le transport des voyageurs et des marchandises ainsi que les entreprises de production ». Situant ainsi l'ampleur du phénomène de l'économie souterraine en Algérie, le CNES soutient en définitive que « l'éradication du secteur informel parasitaire est avant tout tributaire de la réalisation d'une croissance économique durable et créatrice d'emplois ». Concernant les activités illégales, interdites ou non autorisées, la même institution considère qu'elles relèvent de la « criminalité organisée » et par conséquent, elles « doivent être combattues et leurs auteurs sanctionnés par l'application rigoureuse de la loi ». S'agissant en revanche de l'informel de subsistance, il est recommandé d'œuvrer à son intégration dans l'économie légale un cadre global de lutte contre la pauvreté.