De tout temps - et plus encore de nos jours - se pose avec acuité la place des parents dans le dispositif pédagogique mis en place par l'institution scolaire. Faut-il les associer à la mission éducative ? A quel niveau et surtout comment ? Bien des pays ont répondu à ces questions par une véritable coopération codifiée entre l'école et la famille. Ce partenariat est basé sur la confiance mutuelle et la transparence. Les mauvaises langues ne voient pas l'utilité d'un tel engagement parental, puisque, selon eux, l'école est qualifiée pour mener leurs enfants à bon port. Erreur ! Cette catégorie de parents se recrute parmi ceux qui ignorent les progrès de la psychologie moderne lesquels placent l'apport des parents en tête des facteurs propices à la motivation de l'enfant scolarisé. Cette vérité fondamentale - longuement expliquée par d'éminents spécialistes de l'enfance - se retrouve en particulier chez les écoliers du primaire. En effet, ce n'est qu'à son entrée au collège (vers 11-12 ans) que le préadolescent commence à entrevoir les enjeux liés à sa scolarité, à se projeter dans l'avenir du lycée, de l'université et par la suite de penser à son projet d'orientation. Ces inquiétudes sur son devenir servent de catalyseur à sa motivation au travail scolaire. Elles constituent un puissant levier pédagogique que les parents peuvent actionner à l'occasion. Au contraire du collégien ou du lycéen, l'écolier du primaire - n'ayant pas atteint cet « âge de raison » - n'a pas une claire conscience de ces enjeux. Il ne se taraude pas l'esprit sur son devenir professionnel : ses centres d'intérêt évoluent dans l'instant immédiat. Dans la sphère de l'affectif. S'il travaille bien et s'il affiche de l'intérêt aux études, c'est pour une raison essentielle : faire plaisir à ses parents. Cela ne signifie nullement que d'autres éléments n'interviennent pas dans cette motivation de l'écolier. Il aura du plaisir à s'investir dans ses activités scolaires si son enseignant est sympathique et qu'il stimule sa curiosité par exemple. A cet âge, les motivations de l'enfant dépendent des rapports affectifs qu'il entretient avec les personnes de son entourage qui s'intéressent à son travail. Qu'un conflit surgisse dans la relation parents-enfant, la courbe de la motivation va se déclinant. Le lien est étroit entre les problèmes relationnels et la problématique du rendement scolaire. Que de ravages sont causés par la démission des parents dans la représentation que se fait l'écolier de l'école et de ses exigences ! Le surinvestissement parental est lui aussi nocif : il étouffe les capacités de l'enfant. L'obsession des cours de soutien à répétition s'inscrit dans cette logique d'étouffement. Ce dont l'enfant a le plus besoin, c'est d'une relation stimulante avec ses parents. Ces séances de cours de soutien deviennent une contrainte. Elles empiètent sur son temps utile, celui du repos ou de la communication chaleureuse au sein de sa famille. Cette dernière est (avec l'école) le milieu qui façonne l'essentiel de la personnalité du futur adulte, surtout à l'âge où l'accompagnement parental devient un besoin pour l'enfant. Partant de cette caractéristique propre à l'élève du primaire, les parents peuvent - s'il s'y prennent à temps - préparer leur enfant à développer de saines habitudes qui lui seront d'un grand secours dans les échéances ultérieures. Elle est d'une incroyable utilité cette complicité de moments partagés avec son enfant à relire la leçon du jour, à feuilleter ses cahiers, à lui faire déclamer un poème et à parler de la journée passée à l'école. Cette relation au quotidien dès le préscolaire ne doit pas pour autant se transformer en corvée ni pour l'un ni pour l'autre. Cette disponibilité des deux parents - et pas seulement l'un d'entre eux - participe à une double valorisation : celle de sa propre personnalité (« mes parents m'aiment vraiment ») et celle de l'école (« le travail scolaire est donc important, puisque mes parents s'y intéressent »). Pour l'écolier nourri dès son âge à l'accompagnement parental, le travail à la maison - révisions, devoirs donnés par le maître - remplit les fonctions de préparation à une bonne insertion dans la vie scolaire. Arrivé à un certain niveau de maturité, il n'aura pas besoin de l'aiguillon des parents pour se mettre à table et réviser. Cela deviendra une habitude qu'il portera en lui pendant toute sa scolarité. Par la suite, au collège et au lycée, cette habitude sera confortée par l'apprentissage de méthodes de travail personnel. Ses parents n'auront pas de soucis à se faire pour le motiver, il leur suffira de veiller à ce que rien ne lui manque et qui perturbera ses besoins d'adolescent. L'essentiel est déjà là : une relation épanouissante pour lui. Ses parents l'ont aidé par leur accompagnement précoce à un âge où cette relation était vitale : dès le début de la scolarité. [email protected]