Le visiteur se rendant dans cette localité, située à mi-chemin entre la commune de Bachedjarah et celle de Kouba, est ahuri de voir l'écoulement des eaux usées à ciel ouvert. Ces eaux de rebut proviennent d'une canalisation obstruée acheminée à partir de Ben Omar (Kouba), qui est reliée au réseau d'assainissement de Haï El Badr (Bachedjarah). La partie de la canalisation défectueuse qui sert de jonction n'a jamais été réparée. Information confirmée par un ancien cadre de l'Apc de Bachedjarah. « En effet, les travaux d'installation d'un nouveau réseau d'assainissement ont été confiés en 1996 par la DEC à un particulier qui ignore totalement le domaine. Un travail bâclé à donc été accompli », a-t-il confié. Lors de débordement des eaux d'égout, les services concernés, les éléments de l'Agence nationale de l'assainissement entre autre, sont sollicités. Pour le même visiteur, ces journées automnales ensoleillées offrent certes des attraits. Néanmoins, à mesure qu'il s'approche du centre de la localité, cette sensation de gaîté s'estompe. Sous l'effet de la pression, un jet d'eau jaillit de l'égout à telle enseigne que le tampon est soulevé comme un léger bouchon. Les eaux de rejet ruissellent sans répit sur les bords de la voie principale. Un peu plus loin, en plein centre du quartier, une mare immense se forme. Elle dégage une odeur fort répugnante. Le boulanger, dont le local est situé non loin de l'égout obstrué, préfère garder son calme. « A travers un écriteau, on recommande aux clients de ne pas toucher aux pains et aux gâteaux. Alors qu'à l'extérieur, les mêmes clients sont agressés par une saleté évoquant un autre âge », s'exclame le boulanger. Néanmoins, le plus offensé par ces désagréments est l'unique médecin installé dans le quartier. Son cabinet médical est situé dans un immeuble au pied duquel se trouve une mare géante d'eau noirâtre. Comme il fait chaud, les fenêtres de la salle d'attente sont gardées ouvertes. Les patients ne peuvent aucunement supporter les émanations puantes qui proviennent du cloaque. « En tant que médecin, je respecte les normes d'hygiène. Chaque année, je repeins mon cabinet médical. Alors qu'à l'extérieur, mes patients doivent faire des prouesses pour enjamber la mare d'eau et rejoindre le cabinet », a-t-il déclaré. Le praticien affirme avoir contacté à maintes reprises les services de l'Apc de Kouba pour procéder au nettoyage. Les tentatives demeurent vaines. « En fait, les élus n'obéissent qu'aux menaces administratives de la wilaya », a-t-il observé. Par ailleurs, le médecin a tenu de rappeler que les risques des maladies à transmission hydrique sont énormes. Selon lui, les infiltrations des eaux souillées dans le réseau d'assainissement de l'eau potable (AEP) ne sont pas à écarter. Pour preuve, une vanne défectueuse est à proximité d'une mare d'eau d'égout. A son tour, le pharmacien du quartier a exprimé sa grogne à l'égard des responsables des services concernés. « Il est vrai que ces désagréments font fuir la clientèle. C'est un manque à gagner énorme. Mais ce fait paraît moins grave devant les risques d'une épidémie de typhoïde. Or, si nous songeons à préserver la santé des citoyens, certains élus de par leur indifférence favorisent de tels risques », a-t-il ajouté Entre temps, le centre de la localité offre l'aspect d'un bourbier. Les passants se livrent à de sempiternels détours pour poursuivre leur itinéraire. Mais au passage des véhicules, ils sont généreusement éclaboussés. Après les heures de classe, les écoliers ignorant les méfaits des eaux de rebut pataugent dans des mares. En sus de cela, la chaussée se dégrade continuellement. « Faudrait-il qu'une épidémie se déclare pour que les élus se préoccupent de la santé des citoyens ? », s'interroge un riverain.