Je suis maçon. Mon travail ne me permet pas de jeûner. De toute manière, à l'origine, je ne fais pas le Ramadhan. Le jour de mon arrestation, je n'ai pas travaillé. Je cherchais un endroit calme où manger et fumer loin des regards. J'ai décidé alors de passer voir mon ami Arab. Je l'ai trouvé devant son local, je lui ai pris un peu de son café et suis monté sur la terrasse pour pouvoir fumer tranquillement et discuter au téléphone avec ma copine. Tout d'un coup, j'ai vu le commissaire et deux officiers devant moi. Ils m'ont interrogé sur place avant de me demander de les suivre. Ils ont voulu me mettre les menottes. J'ai demandé au commissaire de me présenter seul au commissariat, car je ne voulais pas que les gens de ma ville me voient. Les policiers ont refusé et je fus contraint de les suivre. Comme un délinquant, j'ai été embarqué dans la voiture sous les regards de mes voisins. Arrivé au commissariat, l'interpellation a duré quatre heures. Les policiers voulaient absolument que je signe un PV où il était question de charger Arab. Ils voulaient que je dise qu'Arab servait des repas et que son local était un lieu de débauche, alors que moi, je n'ai rien vu de tout cela. De même pour cette histoire de la fille présente sur les lieux ? Je n'ai croisé aucune fille avec lui. J'ai été relâché vers 18h pour être convoqué le lendemain à 9h chez le procureur. La première remarque du procureur fut : «Etes-vous conscient de ce que vous avez fait ?» Ma réponse fut sans aucune hésitation : «Oui, monsieur le procureur.» Puis je lui ai demandé de me laisser raconter ce qui s'est réellement passé et les circonstances de l'interpellation. Chose qu'il a acceptée. Pour finir, je suis toujours sous le choc, car je n'arrive pas à admettre que des policiers ont été appelés en renfort pour traquer les non-jeûneurs.