L'absence de toute autorité au niveau du cimetière de Sidi Yahia a ouvert le chemin à tous les dépassements. Même la mort n'arrête pas la voracité de certains vivants qui n'hésitent pas à profiter de certains moments de détresse et de grande tristesse pour soutirer de l'argent à de pauvres citoyens, comme c'est le cas au cimetière de Sidi Yahia qui relève de la commune de Bir Mourad Raïs. En effet, plusieurs citoyens se sont plaints d'une pratique qui s'est «institutionnalisée» au moment où ils s'apprêtent à préparer l'enterrement d'un être cher décédé. Ainsi, après les tracasseries administratives pour se faire délivrer un certificat d'inhumer, le ou les parents du défunt se présentent au niveau du cimetière où un préposé les accueille en leur donnant le feu vert pour aller creuser la tombe. Mais au-lieu que ce soient des agents chargés par l'APC ou une autre entreprise spécialisée qui le font, ce sont des jeunes qui habitent dans le cimetière même ou dans les alentours qui vous abordent en vous proposant leurs services et surtout en vous imposant leurs prix : 4 000 DA pour creuser la tombe et 2 000 DA pour les dalles en béton, coût total de l'opération : 6 000 DA ! Rien que ça et sans compter le parking à payer à d'autres jeunes, bâton à la main. Sachant que les proches d'un ou d'une défunte n'ont ni le cœur ni le temps pour négocier quoi que ce soit avec des gens sans scrupules, ils cèdent alors à cette forme de chantage qui ne dit pas son nom. Il est temps que les autorités de la commune interviennent pour faire cesser cette pratique honteuse qui se fait sur le dos des morts, au moment où un léger mieux a été enregistré en matière de nettoyage et de désherbage des lieux qui étaient investis par une jungle d'herbes sauvages. Des citoyens rencontrés au niveau de ce cimetière ont tenu à témoigner : «Nous ne sommes pas contre le paiement d'un service quelconque, mais au moins que cela se fasse dans un cadre réglementaire avec la remise d'une facture ou un bon et à des tarifs raisonnables. Je préfère que ces jeunes fassent ce métier, au lieu d'aller voler, mais pas de cette façon», nous dira un homme d'un certain âge. Un autre qui l'accompagnait enchaîna : «Vous savez, 6 000 DA c'est un minimum car il s'agit de la terre friable, mais quand c'est de la roche il faut carrément louer un marteau piqueur et cela vous coûtera encore les yeux de la tête.» Ce qui est certain, c'est qu'avec tout le chômage qui règne chez nous, une petite société de jeunes ferait l'affaire vu que dans nos cimetières il y a un énorme travail à faire en matière d'entretien, de gestion, d'embellie, de protection et de sécurité de ces lieux qui indignent souvent les visiteurs. Ces derniers ne sont d'ailleurs pas des «saints» puisque leur passage est souvent synonyme de détritus laissés sur les lieux, surtout les bouteilles et les bidons en plastique qui se ramassent par centaines. «Le manque de civisme et de respect d'un lieu aussi sacré qu'un cimetière renseigne sur la déliquescence de notre société. Et dire que tous ces humains nuisibles finissent dans ce f... trou», conclut cet homme rencontré, dépité par ce qu'il a vécu en cette matinée, doublement attristé par la disparition d'un proche et par l'arnaque dont il a fait l'objet en toute impunité.