Triste état que celui dans se trouvent nos cimetières qui autrefois étaient cités en exemples. Ces lieux de repos éternel se dégradent chaque jour davantage. Actes de vandalisme, destruction de tombes, profanation, herbes folles, détritus de toutes sortes, canettes et bouteilles de bière, telle est l'image qu'offrent les cimetières de la ville d'Annaba. Il va sans dire que les grands et anciens cimetières du chef-lieu de wilaya, comme ceux d'Aïn Berda, Sidi Harb, Zarouane, Bouhdid, Bougantas et Bouzaroura sont dans un état de dégradation avancée. Ces cimetières sont saturés depuis plusieurs années puisqu'ils n'ont subi aucune extension car les terrains mitoyens sont toujours occupés par de nombreuses habitations précaires. Ceci est le cas Sidi Harb. De nombreuses grandes villes du pays connaissent actuellement un sérieux problème de manque de cimetières. Le manque de foncier qui empêche la réalisation de nouveaux lieux pour les morts a poussé les gens à recourir aux anciennes tombes et acheter leur tombes avant de mourir, nous révèle-t-on. Certains fossoyeurs et gardiens de cimetière que nous avons questionné sur ce sujet soulignent qu'il faut absolument avoir des connaissances au niveau de la wilaya et de la mairie pour avoir une tombe à l'intérieur de certains cimetières de la ville. Devant cette terrible situation, le législateur algérien a permis à ceux qui voulaient avoir une place au niveau des cimetières d'acheter d'anciennes tombes pour y enterrer leurs proches. En effet, la loi algérienne permet de réserver des tombes avant la mort de l'intéressé ou de vendre des sépulcres. Dans ce contexte, plusieurs tombeaux ont été volés et de nombreuses autres ont été quasiment squattés par des citoyens ignorants qui n'avaient pas trouvé d'espace. Une situation due au manque de création de nouveaux cimetières et aussi à l'inexistence d'établissement des pompes funèbres à Annaba, nous indique-t-on. De ce fait la sérénité des lieux est quotidiennement altérée, souillée par ceux qui ne respectent ni les morts ni les endroits des ossuaires, transformant ainsi ces lieux en décharges publiques , en places de débauche ou encore en zone de pâturage pour les vaches et moutons. Au mois d'août dernier, plusieurs tombes ont été profanées au cimetière de Sidi Abdellah situé dans un village de la commune Souk Oufella, à l'ouest de Béjaïa . 175 sépultures musulmanes ont été profanées par des intrus, cette profanation fut découverte par des jeunes du village qui ont été surpris de voir des tombes totalement saccagées dont plusieurs pièces de marbre ont été réduites en morceaux. Un acte barbare et fanatique de voyous ou d'une secte très discrète qui notamment s'adonne à des actes de provocation et humiliation à la religion islamique. La gendarmerie nationale s'est saisie de l'affaire pour trouver les auteurs de ces actes inadmissibles. Dans la même option, il est important de signaler l'effondrement d'une partie d'un mur d'enceinte du cimetière de Bouhdid , et c'est ainsi que des individus accèdent à l'intérieur la nuit pour s'adonner aux vices de la drogue et de l'alcool. A ce propos, nous avons vraiment perdu le respect pour nos morts. Par ailleurs, on reste abasourdi par l'état de dégradation avancée de la quasi-majorité de nos nécropoles. Manque d'entretien, l'envahissement par les troupeaux d'ovins et de bovins ainsi que la présence de chiens errants dès la tombée de la nuit. Une situation qui découle de l'absence de contrôle strict, informe-t-on. A cause de l'inexistence d'allées entre les tombes, les gens qui viennent se recueillir à la mémoire des leurs disparus sont parfois obligés de marcher sur des tombes encore fraîches. Des lieux souillés par la négligence, l'inconscience et le laisser-faire de ceux qui ont pour responsabilité de veiller sur ces endroits de repos éternel. Devant cet état de fait désolant, on oublie les textes régissant la gestion des cimetières imputant la responsabilité aux collectivités locales où l'entretien et le gardiennage sont obligatoires. Face à cette réalité amère, ces djabannetes laissées à l'abandon ont été donc transformées en espace de débauche pour des effrontés, des énergumènes sans scrupules, sans foi ni loi qui s'adonnent à la consommation de l'alcool et de la drogue et la présence des morts ne les incommode guère. A cela s'ajoute l'absence de parfaites salles de prière comme il faut aussi ramener des bouteilles d'eau pour pouvoir au moins nettoyer les tombes sales. Dans ce chapitre, il est tout à fait objectif de souligner que la profondeur de la tombe creusée actuellement par les fossoyeurs est d'environ de 1 m alors que normalement elle devrait être de 1,50 m. D'autre part, si on se rend au plus vieux cimetière d'Annaba notamment celui de Zarouane, on remarque que les tombes situées dans sa partie basse ou inférieure face à la mer sont vraisemblablement englouties par la boue en période pluviale. Le désherbage se fait rarement par manque d'agents de nettoiement et aucune mesure pour remédier à cette situation n'a été prise. Que se passe-il ? Pourquoi donc les demeures de l'éternité sont -elles dans cet état de délabrement, frappées par un tel degré de déchéance et d'actes de vandalisme ? Est-ce que nos morts n'ont plus droit à un espace de repos propre et respectable ? La surveillance de nos cimetières doit être une préoccupation constante. Celui de Sidi Harb est également frappé par l'abandon, les familles qui viennent lors des fêtes de l'Aïd ramènent de l'eau de l'oued pour pouvoir rendre les lieux plus propres puisque la fontaine est toujours à sec. Il est à noter que la loi n°150-151 et 152 du code pénal stipulent une peine allant de six à deux ans de prison ferme assortie d'une amende de 2 000 DA contre tout profanateur de tombes.